Gérer des pressions multiples et évolutives
La réussite de la culture du colza nécessite une vigilance sur plusieurs fronts tels que la gestion des graminées, le suivi des grosses altises, charançon du bourgeon terminal et méligèthes. La montée en puissance des/de mycosphaerella, cylindrosporiose, et oïdium incite également à la vigilance.
Les bioagresseurs sont à prendre en compte tout au long du cycle de culture du colza. Gwénola Riquet, Laurent Ruck et Frank Duroueix, experts à Terres Inovia, évoquent ici leurs travaux, observations et perspectives concernant les pressions fongiques ainsi que celles associées aux insectes et adventices.
Le sclérotinia constitue-t-il toujours une menace importante pour les colzas ?
Gwénola Riquet, ingénieure développement sur la gestion des maladies chez Terres Inovia : Du fait de son impact de 1 à 1,5 q/ha par tranche de 10 % de plante atteinte, le sclérotinia continue à structurer la gestion des maladies sur colza. Cependant, il convient de rappeler que la dernière attaque impactante date de 2007. Depuis lors, un autre épisode en 2017 s’est révélé nettement plus modeste.
La nécessité d’intervenir en préventif à la chute des premiers pétales (stade G1) incite les producteurs à anticiper. Néanmoins, ces dernières années, cette pathologie se gère bien sauf en cas d’impasse de traitement. La généralisation des implantations plus précoces a certainement participé à la baisse de fréquence d’apparition de la maladie. Elle a en effet créé un décalage entre la période de sensibilité du colza et les conditions climatiques favorables au champignon.
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Protéger son colza
Concernant le sclérotinia, il convient de mentionner enfin la note commune Anses – INRAE – Terres Inovia / 2024. Ce document annuel de suivi des résistances du pathogène aux fongicides SDHI, informe et précise les bonnes conditions d’emploi des différents modes d’action fongicides afin de garantir leur durabilité.
Quelles sont les pressions fongiques montantes aujourd’hui ?
Gwénola Riquet : Nous constatons une propagation de mycosphaerella, maladie foliaire qui se développe majoritairement après la reprise de végétation. Les années favorables, les premières tâches liées à cet agent peuvent être observées courant février et les infestations fortes dès le mois de mars,. Cette pathologie dite des tâches annelées est favorisée par les hivers doux et humides. Initialement concentrée sur la face atlantique au nord de la Gironde, elle s’est propagée jusqu’en Normandie et en Champagne. Face à cet agent dont le développement est lent mais peut s’avérer difficile à gérer, nous avons repris nos expérimentations spécifiques depuis 2021. A ce stade, nous recommandons une gestion apparentée à celle du sclérotinia : avec une intervention à base de triazoles incluant au moins 100 g de prothioconazole au stade G1 (chute des premiers pétales). Il n’est pas rare qu’un rattrapage soit nécessaire environ 15 jours après la première intervention pour maintenir la protection des siliques et éviter une dégradation du PMG. Nous étudions d’autres stratégies mais les interventions plus précoces n’ont pas démontré leur intérêt économique pour le moment. Il convient de noter qu’une attaque faible à modérée peut impacter le rendement de 2 à 3 quintaux alors que celles qui s’avèrent fortes et interviennent tôt peuvent l’amputer de 6 à 8 quintaux.
La cylindrosporiose apparait présenter une menace similaire dans le Nord et l’Est ?
Gwénola Riquet : Elle peut effectivement impacter le rendement de 5 à 7 qx/ha en cas de développement précoce sur variété sensible. Ces dernières années, les attaques moyennes ont occasionné des pertes de l’ordre de 2 à 3 qx/ha. Le premier moyen de lutte est variétal. Il convient de préférer des variétés TPS (1) dans les secteurs ayant déjà observé la maladie. En cas de contamination entre les stades entre-nœuds visibles ou boutons accolés (stade C2-D1), un fongicide à base de triazoles (tébuconazole et metconazole) est conseillé. Ces solutions ont toutefois également un effet régulateur. Dans les autres cas, une intervention en G1 avec des triazoles notamment prothioconazole est préconisée et un rattrapage en cas extrême post G1 est également possible.
Dans le Sud Ouest et en Occitanie, l’oidium apparait plus préoccupant ?
Cet agent prend clairement le pas sur le sclérotinia dans ces régions et génère couramment des pertes de rendement de l’ordre de 2 à 3 quintaux par hectare. Il est recommandé d’intervenir au stade G1, toutes les triazoles apparaissent adaptées. Certains agriculteurs préfèrent traiter « à vue », lorsque les symptômes apparaissent mais il convient de souligner qu’un traitement après le 15 mai n’apportera pas de gain économique.
Que conseillez-vous pour faire face aux pressions des insectes à l’automne ?
Laurent Ruck, responsable de l’évaluation des insecticides et du biocontrôle des ravageurs chez Terres Inovia : Les deux ravageurs dominants à l’automne sont la grosse altise et le charançon du bourgeon terminal. La lutte insecticide contre ces coléoptères, en raison de résistances aux pyréthrinoïdes, ne peut à elle seule gérer les attaques. La solution passe donc par la mise en œuvre de leviers agronomiques et un colza robuste. Dans cette perspective, l’implantation est l’étape clé. Avancée des dates de semis, fertilisation, association avec des légumineuses, et choix variétal sont importants.
Concrètement, une installation rapide avec un stade 4 feuilles atteint vers le 20 septembre lorsque les altises colonisent les parcelles réduit la sensibilité aux dégâts des altises adultes. Puis une phase de croissance active à l’automne ainsi qu’une reprise et une croissance dynamique en sortie d’hiver permettent d’atténuer les dégâts causés par les larves qui atteindront plus difficilement le cœur des plantes.
Avant d’envisager un insecticide, il faut évaluer le risque. Dans ce but, je conseille d’utiliser nos outils d’aide à la décision (1). Pour vérifier la présence des altises adultes, il convient de placer une cuvette jaune enterrée dans la parcelle et de suivre l’évolution des morsures. Pour piéger le charançon du bourgeon terminal, une cuvette jaune doit être disposée sur la végétation. Enfin, pour dénombrer les larves d’altises, je recommande la méthode Berlèse qui consiste à prélever des plantes et les laisser sécher sur un grillage placé au-dessus d’une cuvette d’eau avec quelques gouttes de produit vaisselle. Les larves y tombent naturellement lorsque les plantes se dessèchent. Le risque est évalué ensuite en prenant en compte le nombre de larves par plante et le risque agronomique de la parcelle.
Si une intervention est nécessaire, il est encore possible d’utiliser les pyréthrinoïdes sur le charançon, ce qui n’est plus le cas partout vis-à-vis des altises. Dans certains secteurs, celles-ci ont développé une forte résistance et les pyréthrinoïdes sont totalement inefficaces. La filière a demandé dans ces situations une dérogation pour un mode d’action alternatif contre les larves. Altises adultes et larves se gèrent indépendamment. Dans une stratégie de réduction des IFT, les leviers doivent être actionnés pour éviter les morsures préjudiciables des adultes (avant 4 feuilles) et se concentrer sur la gestion des larves.
Au printemps, les méligèthes représentent la principale menace. Que recommandez-vous ?
Laurent Ruck : A nouveau, la robustesse du colza joue un rôle essentiel dans la nuisibilité des méligèthes. Par ailleurs, le semis de plantes pièges en mélange à 5-10% avec le colza d’intérêt constitue un moyen pour réduire leur pression. Ces plantes pièges sont sélectionnées pour leur floraison plus précoce ce qui permet de concentrer les méligèthes en cas de pression moyenne. Toutefois, cette solution ne suffit pas en cas de pression forte. Les options insecticides sont également limitées face à ce ravageur avec des résistances aux pyréthrinoïdes en « ine » (lambdacyhalothrine, deltamethrine et cyperméthrine). Deux pyréthrinoïdes particuliers (taufluvalinate et etofenprox) échappent à la rapide métabolisation par l’insecte et conservent leur efficacité. Au stade boutons séparés, il convient d’intervenir à partir de 6 à 9 méligèthes par plante lorsqu’elles sont saines et vigoureuses. Dans le cas de colzas plus fragiles, 2 à 3 coléoptères par plante justifient une intervention. Cette évaluation doit être réalisée sur plusieurs pieds successifs en dehors des bordures de parcelles. Le risque est à prendre en compte entre l’apparition des boutons et le début de la floraison. Je conseille un volume important de bouillie, environ 200 litres par hectare, pour assurer une bonne couverture de la plante.
Comment évolue la pression adventice sur colza ?
France Duroueix, expert stratégique et protection intégrée des cultures et spécialistes du désherbage de Terres Inovia : Nous sommes face à un double mouvement. Tout d’abord, les produits à base d’halauxifen ont permis le développement de traitements en post-levée efficaces notamment sur géranium aboutissant à un contrôle satisfaisant des dicotylédones.
A l’inverse, la pression s’est accentuée du côté des graminées avec une réduction des produits et des solutions techniques. Ce phénomène a été renforcé par la simplification des systèmes et une réduction de la diversité des rotations. Le développement de la résistance des adventices est venu aggraver le problème avec des situations où des producteurs ont pu se faire déborder.
Or, la nuisibilité des graminées est particulière importante pour le colza du fait de leur fort pouvoir étouffant et de leur croissance rapide quelles que soient les conditions. En outre, au-delà de leur effet direct sur la culture qui peut être très pénalisant, elles nuisent à la robustesse du colza et donc à sa résistance aux autres bioagresseurs.
Quelles sont vos recommandations face à ce contexte ?
La stratégie de lutte se résume ainsi : le bon produit au bon moment en étant vigilant sur les conditions météorologiques. Si le colza est une culture plutôt salissante en graminée, nous disposons encore de modes d’action racinaires même s’ils sont imparfaits. Intervenant au niveau racinaire et d’action lente, la propyzamide est la plus efficace et nous devons veiller à faire durer cette solution.
Je conseille de mettre en œuvre un traitement adapté en prélevée et une post-levée incluant un produit racinaire à base de propyzamide. En cas de présence de vulpin, le choix des molécules est particulièrement important avec une association de métazachlore et napropamide puis une propyzamide en post-levée. Pour les interventions en prélevée, il est en outre essentiel d’attendre le retour de la pluie. Au-delà, la mise en œuvre de faux semis et l’introduction de cultures d’été dans la rotation me paraissent indispensables pour réguler cette pression. Ainsi, le choix de cultures facilitant la lutte contre les adventices contribuera au contrôle de la situation.
Des alternatives mécaniques sont-elles réalistes ?
Il est possible d’utiliser la herse étrille mais son efficacité se limite aux dicotylédones et nécessite des conditions sèches. Le binage reste réservé aux implantations avec un semoir monograine et un écartement important. De plus, une période sèche suffisamment longue est nécessaire pour un bon résultat.
(1) Très Peu Sensibles
(2) Colza risques altise adulte, Colza risques larves de grosses altises, et Colza risques charançon du bourgeon
LG Aviron
LG AVIRON est la semence colza n°1 en France depuis 2021 ! Elle bénéficie de la technologie de résistance partielle à la virose TuYV tout en adoptant un cycle précoce. Doté d’une excellente dynamique automnale avec maîtrise de son élongation, il est aussi un levier contre les insectes par sa dynamique de reprise printanière.
Pourquoi choisir LG Aviron ?
Conseils d’application :
Densité de semis :
• Bonnes conditions : 25 à 35 graines/m2
• Conditions sèches : 30 à 45 graines/m2
• Pas plus de 15 plantes/m linéaire avec un semoir monograine.
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Caractéristiques techniques :
• Obtenteur : Limagrain
• Année d’inscription : 2019
• Précocité maturité : demi-précoce
• Précocité reprise : intermédiaire
• Précocité floraison : demi-précoce
• PMG : élevé
• Hauteur de plante : haute
• Richesse en huile : moyenne
Les plus du produit
• Excellent potentiel de rendement
• Excellente dynamique automnale
• Résistant à la principale virose (TuYV)
• Tolérant à l’engrenage
• Très bon comportement face aux maladies