
Une agricultrice de Gironde, confrontée à une situation dramatique, a dû se résoudre à faire abattre ses vaches après six mois de lutte. Cette décision, due à des problèmes insurmontables, met en lumière les défis auxquels font face les agriculteurs de la région.
Une « descente aux enfers »
En Gironde, une agricultrice est contrainte d'abattre tout son troupeau de Bazadaises après la détection de la tuberculose bovine chez l'une de ses vaches.
« Il y a treize ans, j’ai embrassé cette profession par passion et conviction », confie Bénérice Walton, éleveuse dans une ferme à Arveyres (Gironde). Cependant, le 18 mai 2024, elle a lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux : un cas de tuberculose bovine l’a contrainte à envoyer ses bêtes à l’abattoir.
La « descente aux enfers » débute lors du contrôle sanitaire annuel à la fin de 2023. Un cas de tuberculose bovine est détecté. « Seule Hermès a été testée positive », explique Bérénice Walton dans une vidéo, « mais le protocole sanitaire est très strict. » Pour éradiquer la maladie, l'ensemble du troupeau doit être abattu.
Pour la ferme de Bérénice, la sentence tombe après six mois d'attente insoutenable et de torture psychologique. L'équipe a été contrainte de charger les animaux dans des camions en direction de grands abattoirs industriels, car la viande était consommable. Bérénice a dû dire au revoir à son troupeau de 200 vaches bazadaises, dont 60 mères.
Une maladie officiellement disparue
La tuberculose bovine, une mycobactérie transmise notamment par la faune sauvage comme le blaireau, connaît une résurgence en France. Bien que déclarée « éradiquée » en 2001, la maladie a vu une recrudescence ces dernières années, en particulier dans le Sud-Ouest. Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation publie régulièrement des rapports sur la situation et élabore des plans nationaux pour combattre cette maladie. Selon le site du ministère, « en 2023, 92 foyers de tuberculose ont été détectés ».
Selon l'éleveuse girondine, chaque année, une centaine d'agriculteurs sont « laissés pour compte ». Elle déplore que « l’indemnisation de l’État ne reflète pas la réalité économique ».
Bérénice Walton avertit d'un danger imminent menaçant non seulement sa ferme, mais aussi « toutes celles soumises à ce protocole aujourd'hui et demain ». Elle souligne que l'abattage des animaux « sacrifie des années de travail, des bêtes innocentes, et plonge les familles d'agriculteurs dans le deuil ». Selon elle, cette situation représente une réelle menace pour les futures générations d'agriculteurs.
Elle n'est pas seule à soulever cette problématique. Les députés, lors des questions à l'Assemblée Nationale ou directement auprès des ministres, mettent parfois en lumière les conséquences dramatiques qu'un animal malade peut avoir sur les éleveurs.
La réaction des acteurs politiques et agricoles
Interpellé par Iñaki Echaniz en mars dernier, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, avait souligné l'importance cruciale de maîtriser la progression de la tuberculose bovine. Il avait averti qu'une perte du statut de pays indemne serait « une catastrophe » pour l’ensemble de la filière. Le ministre avait mis en lumière les efforts visant à assurer « la qualité du dépistage tout en évitant de pénaliser excessivement les éleveurs », en particulier par la revalorisation des indemnisations et la vaccination de la faune sauvage.
Si la tuberculose bovine venait à se propager, les conséquences économiques pour les élevages des zones affectées seraient considérables. Les industries alimentaires utilisant de la viande et du lait de ces régions en subiraient également les effets. En particulier, il deviendrait extrêmement difficile de continuer à vendre au sein de l'Union européenne des produits au lait cru fabriqués à partir du lait provenant de ces élevages infectés, souligne le ministère de l'Agriculture.
En attendant, les conséquences pour les éleveurs touchés sont déjà dramatiques. Bérénice Walton décrit la situation comme un « retour à la case départ ». Elle doit rembourser des investissements, mais se retrouve sans cheptel. Pour l'aider à « trouver les ressources nécessaires pour se relever et ouvrir un nouveau chapitre de la ferme de Bérénice », une cagnotte en ligne a été mise en place.