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Cultures

Lutter contre les bioagresseurs : méthodes naturelles & chimiques

Date de publication : 06/06/2024 Temps de lecture : 4 minutes

Définition : un bioagresseur est un organisme vivant qui cause des dommages aux plantes cultivées ou aux récoltes. Ce terme regroupe aussi bien les adventices comme le ray-grass que les maladies comme l'helminthosporiose du blé et les ravageurs tels que les doryphores par exemple. Ces bioagresseurs attaquent tous types de cultures, allant des céréales aux légumineuses, en passant par les cultures de fleurs et de fruits.

Dans cet article, nous nous apprêtons à voir ensemble en quoi ils consistent, puis en quoi les cultures intermédiaires sont une méthode afin de lutter contre eux et enfin, les procédés chimiques afin d'y parvenir.

Comprendre le concept de bioagresseur

Les bioagresseurs sont souvent qualifiés d'ennemis des cultures du fait de leur potentiel à causer des pertes agronomiques et économiques. Ces organismes, par leurs actions physiologiques ou mécaniques, peuvent entraîner des dégâts considérables sur les cultures. Il est essentiel de pouvoir les identifier précisément pour connaître leur cycle de vie - formes de conservation, nombre de générations, conditions d'expression, et stades où une intervention est envisageable. Cela permet ainsi de mettre en place une stratégie de lutte adaptée et efficace.

Les bioagresseurs : ravageurs et maladies des cultures

Les bioagresseurs peuvent être classés en trois grandes catégories : les adventices, les ravageurs et les maladies.

  • Les adventices : ce sont des plantes qui poussent dans un milieu où elles ne sont pas désirées. Elles peuvent concurrencer les cultures pour l'eau, les nutriments et la lumière, entraînant ainsi une baisse de rendement
  • Les ravageurs : ce sont des organismes animaux qui causent des dommages aux plantes par différentes actions : prédation, parasitisme ou encore compétition. Ils regroupent un large spectre d'espèces, incluant des insectes, tels que les pucerons ou les cicadelles, mais aussi des mammifères et des oiseaux
  • Les maladies : les cultures peuvent également être attaquées par des agents phytopathogènes. Ces derniers peuvent être des champignons (mildiou, oïdium, marsonia, fumagine...), des bactéries ou des virus. Ils provoquent des infections qui se traduisent souvent par des symptômes visibles sur les plantes, tels que des taches, des déformations ou une décoloration du feuillage

Le rôle des adventices dans l'agriculture

Les adventices, bien que souvent considérées comme des nuisibles, jouent un rôle crucial dans l'agriculture. Elles participent activement à la régulation des écosystèmes agricoles et peuvent apporter des avantages écologiques et agronomiques.

Les adventices peuvent par exemple servir de refuge pour la faune utile, offrant nourriture et habitat à de nombreux insectes et oiseaux. Les graines des adventices fournissent une source de nourriture pour certaines variétés, et leur pollen et nectar peuvent être bénéfiques pour les insectes pollinisateurs, comme les abeilles par exemple.

En tant que bioagresseurs, certaines de ces plantes peuvent aussi jouer un rôle dans la régulation des autres bioagresseurs. Elles peuvent notamment attirer et héberger des ennemis naturels de certains ravageurs.

Les adventices jouent également un rôle dans la gestion du terrain. Par leurs systèmes racinaires, elles peuvent contribuer à améliorer la structure de celui-ci et à prévenir l'érosion.

Cependant, leur présence doit être gérée de manière équilibrée pour éviter une concurrence excessive avec les cultures principales. Des techniques comme la rotation des cultures ou l'utilisation de couvertures végétales peuvent être utilisées pour réguler leur présence.

Exemple de bioagresseurs spécifiques : colza et blé tendre

Le colza et le blé tendre sont deux cultures majeures qui doivent faire face à des bioagresseurs spécifiques. Le sclérotinia est l'une des principales maladies qui attaquent le colza, tandis que le blé tendre peut être touché par des maladies comme la septoriose ou la fusariose.

  • Pour le colza, l'identification du phoma, un champignon pathogène, est cruciale. Ce bioagresseur peut entraîner des pertes de rendement significatives. Des variétés résistantes ont été développées pour limiter l'impact de cette maladie. Le travail de la terre et l'utilisation de produits phytosanitaires sont également des procédés de résistance
  • En ce qui concerne le blé tendre, les maladies fongiques représentent une menace sérieuse. La septoriose, causée par un champignon, est l'un des principaux bioagresseurs. Le choix de variétés résistantes est un levier majeur de protection contre cette maladie. Des outils d'aide à la décision ont été développés pour aider les agriculteurs à gérer ces bioagresseurs

Culture intermédiaire : une solution contre les bioagresseurs ?

La culture intermédiaire piège à nitrates (CIPAN) est une stratégie de lutte et de protection biologique qui consiste à mélanger plusieurs variétés de la même espèce au sein d'un même champ. Cette technique offre plusieurs avantages dans la bataille contre les bioagresseurs.

Premièrement, elle permet de créer une diversité d'habitats qui peut perturber les cycles de développement des bioagresseurs. En complexifiant l'environnement, on rend plus difficile pour les bioagresseurs de trouver leurs plantes hôtes, créant ainsi un effet de barrière mécanique. De plus, la diversité de plantes peut attirer une plus grande variété de prédateurs, contribuant ainsi à une régulation naturelle des bioagresseurs.

Deuxièmement, l'association variétale peut contribuer à la résistance globale du champ. En effet, en associant des variétés avec des niveaux de résistance différents aux bioagresseurs, on peut limiter la propagation des maladies ou l'infestation de ravageurs. Une variété résistante peut, par exemple, agir comme un tampon protégeant les autres variétés plus sensibles.

Enfin, l'association variétale peut aussi permettre de limiter le développement de résistances chez les bioagresseurs. En diversifiant les cibles potentielles, on réduit la pression de sélection qui pourrait favoriser l'apparition de souches résistantes.

Il est donc clair que l'association variétale peut être un outil précieux dans la résistance contre les bioagresseurs. Cependant, sa mise en œuvre nécessite une bonne connaissance des variétés utilisées et de leur interaction avec les bioagresseurs.

Que dit la science à propos des bioagresseurs ?

La recherche fournit des informations précieuses sur les bioagresseurs et les stratégies de résistance contre ceux-ci. Selon plusieurs publications d'études phytopharmaceutiques menées par des ingénieurs et des scientifiques, le contrôle biologique des bioagresseurs par leurs ennemis naturels est une alternative prometteuse à la lutte chimique.

Les cultures intermédiaires de crucifères sont également reconnues pour leur fort potentiel de gestion des bioagresseurs via la production de métabolites. L'agroécologie, qui valorise la biodiversité et renforce la santé des sols, est également un moyen de lutter contre les bioagresseurs.

Par ailleurs, l'analyse des mécanismes d'évolution des populations de bioagresseurs offre des critères utiles pour la sélection de procédés de lutte.

Principe de lutte biologique contre les bioagresseurs

La lutte biologique contre les bioagresseurs repose sur l'utilisation d'organismes vivants pour réguler les populations de ces derniers. Trois types de protection biologique sont généralement distingués :

  • La protection par introduction ou acclimatation : elle concerne l'introduction dans le milieu d'organismes non présents naturellement dans l'écosystème pour combattre des ravageurs exotiques
  • La protection par conservation : cette approche consiste à préserver et à favoriser les organismes auxiliaires déjà présents dans l'écosystème
  • La protection par augmentation : elle vise à augmenter la population d'auxiliaires par lâchers massifs

Ces stratégies peuvent être utilisées seules ou en combinaison, selon le contexte et les bioagresseurs à contrôler. L'efficacité de la résistance biologique dépend grandement de la connaissance des relations proies-prédateurs et de la dynamique de population des bioagresseurs et des auxiliaires.

Moyens de lutte phytosanitaire : efficacité et limites

Les produits phytosanitaires sont des outils majeurs dans la protection chimique contre les bioagresseurs. Ces moyens incluent l'utilisation de produits chimiques mais aussi de techniques biologiques visant à réduire les populations de bioagresseurs.

  • L'efficacité de ces méthodes varie selon le bioagresseur ciblé et le contexte agronomique. Par exemple, certaines substances actives sont très efficaces contre certains bioagresseurs, mais peuvent présenter des limites face à d'autres
  • Les limites de la résistance phytosanitaire peuvent être liées à la résistance des bioagresseurs aux produits utilisés, à l'impact écologique de ces derniers ou encore à leur coût
  • La résistance des bioagresseurs aux produits phytosanitaires est un enjeu majeur. Ce phénomène est dû à la sélection naturelle des individus résistants au sein des populations de bioagresseurs
  • Les effets indésirables sur l'environnement représentent une autre limite. En effet, l'utilisation de certains produits peut engendrer des problèmes de pollution de l'eau et des sols, ou encore de perturbation des écosystèmes

Il est donc essentiel de combiner différents moyens de lutte, en privilégiant une approche intégrée, pour une gestion durable des bioagresseurs.

Ce qu'il faut retenir :

  • Les bioagresseurs incluent adventices, ravageurs et maladies
  • Les cultures intermédiaires perturbent le développement des bioagresseurs
  • Les adventices jouent un rôle bénéfique et régulateur dans les écosystèmes agricoles
  • La lutte biologique utilise des organismes vivants pour contrôler les bioagresseurs
  • Les moyens phytosanitaires présentent des limites, comme la résistance et l'impact écologique