Doryphore : comment reconnaître et éliminer ce ravageur des pommes de terre

  • Mis à jour : 24 Novembre 2025   |   Publié : 02 Avril 2024
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  • Temps de lecture : 7 minutes
Doryphore : comment reconnaître et éliminer ce ravageur des pommes de terre

Ce qu'il faut retenir :

  • Le doryphore est un insecte ravageur des pommes de terre et autres Solanacées, identifiable à ses rayures noires et jaunes.
  • Il provoque des dégâts importants sur les feuilles, entraînant une baisse de rendement pouvant atteindre 75 %.
  • Son cycle de vie rapide (jusqu’à 4 générations/an) et sa résistance aux insecticides compliquent son éradication.
  • La lutte intégrée repose sur la rotation des cultures, les plantes répulsives, les auxiliaires naturels et les traitements ciblés.
  • La surveillance dès le printemps est essentielle pour intervenir rapidement, avant que l’infestation ne se propage.

Parmi les ravageurs les plus redoutés dans les parcelles ou les potagers, le doryphore fait figure d’ennemi public numéro un.

Ce coléoptère rayé jaune et noir, originaire du Mexique, s’attaque principalement aux feuilles des plants de pommes de terre – mais aussi à d’autres Solanacées comme l’aubergine ou la tomate.

La capacité de ce bioagresseur à se reproduire rapidement, sa résistance aux insecticides et les dégâts fulgurants qu’il peut causer en font une menace pour les jardiniers comme pour les agriculteurs. 

Heureusement, des solutions efficaces existent pour identifier, prévenir et éliminer le doryphore. Et ce, sans forcément avoir recours à des produits phytosanitaires.

Dans ce guide complet, découvrez comment reconnaître un doryphore (œufs, larves, adultes), comprendre son cycle de vie, et les meilleures méthodes pour s’en débarrasser avec ou sans produits chimiques.

LE DORYPHORE EN BREF :

  • Nom scientifique : Leptinotarsa decemlineata
  • Famille : Chrysomelidae
  • Origine : Mexique
  • Cultures ciblées : pomme de terre, aubergine, tomate et autres solanacées
  • Cycle de vie : œuf → larve → adulte (1 à 4 générations/an)
  • Méthodes de lutte : rotation des cultures, plantes répulsives, nématodes, insecticides

Qu’est-ce que le doryphore ?

Le doryphore (Leptinotarsa decemlineata) est un insecte de la famille des Chrysomelidae. Reconnaissable à son corps bombé jaune clair rayé de bandes noires, il est redouté pour les dégâts qu’il cause sur les cultures de pommes de terre.

Ce coléoptère attaque principalement les feuilles, aussi bien à l’état larvaire qu’adulte. Sa voracité, sa reproduction rapide et sa résistance aux insecticides en font un ennemi tenace en agriculture et au potager.

Origine et propagation du doryphore

Comment un petit coléoptère venu du Mexique est-il devenu l’un des ravageurs les plus redoutés des cultures de pommes de terre ? 

Pour comprendre le danger que représente le doryphore, il faut retracer son parcours, de son berceau tropical jusqu’à nos champs européens.

D’où vient ce ravageur ?

Le doryphore est originaire d’Amérique centrale, et plus précisément du Mexique, où il se nourrissait de Solanacées sauvages. 

Il a trouvé un nouvel hôte idéal avec la pomme de terre, introduite dans les cultures nord-américaines au XIXe siècle.

Cette rencontre a été décisive : l’insecte s’est adapté à cette plante cultivée, s’est multiplié rapidement et a commencé sa conquête de nouveaux territoires.

Comment s’est-il répandu en Europe et en France ?

Après avoir colonisé le Colorado (d’où son surnom de “Scarabé du Colorado”), puis une partie des États-Unis, le doryphore a traversé l’Atlantique et atteint l’Europe au début du XXe siècle. 

Il a été repéré pour la première fois en France en 1922, dans la région bordelaise, avant de se propager dans tout l’Hexagone.

Son expansion rapide s’explique par sa grande tolérance au froid, son cycle de reproduction court, et l’essor des monocultures de pommes de terre.

Est-il toujours une menace aujourd’hui ?

Le doryphore est aujourd’hui mieux maîtrisé dans les régions d’Europe de l’Ouest. Mais il reste une menace active.

D’abord parce que les populations locales ont parfois développé une résistance à certains traitements.

Mais aussi parce que le changement climatique pourrait favoriser sa réapparition dans des zones plus au nord.

Il est donc essentiel de surveiller les cultures sensibles et de mettre en place des stratégies de lutte combinées pour limiter les dégâts.

Cycle de vie du doryphore

En fonction des conditions climatiques, notamment de la température, le doryphore produit 2 à 4 générations par an. Comprendre les différentes étapes du cycle de vie de ce ravageur est vital pour intervenir au bon moment.

Œufs, larves, adultes : comment se développe-t-il ?

Au printemps, lorsque les températures dépassent 10 °C, les doryphores adultes sortent du sol où ils ont passé l’hiver. Ils rejoignent rapidement leurs plantes hôtes (comme la pomme de terre) pour se nourrir et se reproduire. Les femelles pondent jusqu’à 3 000 œufs jaunes, regroupés sous les feuilles. Après une semaine, les larves écloront et entameront un cycle de développement vorace. En 30 à 45 jours, une nouvelle génération est prête à recommencer le cycle.

📊 Tableau récapitulatif du cycle de vie du doryphore

🕒 Étape du cycle 🔍 Détails
Sortie des adultes Dès >10 °C au printemps, après hivernation dans le sol
Ponte des œufs 500 à 3 000 œufs par femelle, en paquets alignés sous les feuilles
Éclosion des œufs Environ 7 jours après la ponte
Stade larvaire Larves voraces, 3 à 4 semaines de croissance (avec plusieurs mues)
Nymphose Les larves s’enfouissent dans le sol pour se transformer en nymphe
Émergence des adultes Quelques jours plus tard, les adultes émergent et un nouveau cycle commence
Durée totale du cycle Environ 30 à 45 jours selon la température et les conditions du sol

💡 À retenir : Le cycle rapide et la prolificité des femelles rendent le doryphore particulièrement difficile à contrôler. Une surveillance régulière dès le printemps est essentielle pour limiter les dégâts sur vos cultures.

À quel moment de l’année faut-il être vigilant ?

La période de vigilance s’étend du printemps à la fin de l’été, de mars-avril à août-septembre.

Les premiers adultes apparaissent dès que le sol se réchauffe (10 °C), et les populations peuvent exploser en été si les conditions sont favorables.

Il est donc crucial de surveiller vos cultures à partir du mois d’avril, afin d’intervenir dès les premières pontes ou l’apparition des larves.

Comment reconnaître un doryphore ?

Repérer le doryphore au plus tôt permet de limiter les risques d’infestation de vos cultures. Cet insecte est facile à identifier à tous les stades de son développement, à condition de savoir quoi observer.

À quoi ressemblent les adultes ?

Le doryphore adulte mesure environ 10 mm de long. Il se reconnaît à sa forme ovale, son dos bombé et ses couleurs caractéristiques : des élytres blanc-jaunâtre parcourus de dix bandes noires longitudinales, et une tête orangée ornée de petites taches noires.

Comment identifier les œufs et les larves ?

Les œufs sont de petite taille (1,5 à 2 mm), de couleur jaune vif, et sont déposés en groupe à l’envers des feuilles de vos pommes de terre, tomates ou aubergines. Ils sont alignés en petits paquets, souvent bien visibles à l’œil nu.

Très voraces, les jeunes larves sont de couleur rouge-orangée avec une tête noire. Elles portent deux rangées de points sombres sur les flancs. À mesure qu’elles grandissent, leur couleur fonce, tirant parfois sur le brun.

Doryphore ou coccinelle : comment ne pas confondre ?

Il arrive que les larves de doryphore soient confondues avec celles des coccinelles. Pourtant, les premières sont un ravageur, tandis que les secondes sont un auxiliaire précieux, car elles se nourrissent de pucerons.

Pour éviter cette erreur, observez la plante hôte : les larves de coccinelles se trouvent rarement sur les pommes de terre. Leur forme est également différente : la larve de doryphore est trapue et rougeâtre. Celle de coccinelle est allongée et sombre.

Quant aux adultes, la confusion est peu probable. Le doryphore présente un corps plus allongé et des rayures noires, tandis que la coccinelle est plus petite, ronde, et arbore des points noirs sur fond rouge vif.

Quels dégâts provoque le doryphore ?

Le doryphore est un redoutable ravageur des cultures de Solanacées. À tous les stades de développement, il s’attaque au feuillage des plantes, provoquant un affaiblissement rapide et parfois irréversible de la culture.

Quelles plantes sont attaquées ?

Le doryphore cible en priorité la pomme de terre (Solanum tuberosum), sa plante hôte principale. Mais il peut également se nourrir d’autres cultures de la famille des Solanacées, comme : 

  • L’aubergine (Solanum melongena)
  • La tomate (Solanum lycopersicum)
  • Le poivron (Capsicum annuum
  • Le piment (Capsicum frutescens)

Plus rarement, il s’attaque aussi à des Solanacées sauvages, telles que la morelle noire (Solanum nigrum) ou la douce-amère (Solanum dulcamara), des plantes communes dans les régions tempérées.

Ces plantes hôtes secondaires peuvent servir de refuge au doryphore en dehors des périodes de culture, favorisant ainsi la survie et la prolifération de cet insecte ravageur dans l’environnement.

Quels impacts sur le rendement ?

Les doryphores (larves et adultes) dévorent les feuilles, parfois jusqu’à la défoliation complète de la plante.

Ce stress empêche la photosynthèse, ralentit la croissance des tubercules et peut entraîner jusqu’à 75 % de perte de rendement.

Selon Arvalis, la présence de 40 larves de doryphore par plant entraîne par exemple une chute de rendement allant jusqu’à 50 %.

Les pertes sont d’autant plus graves que le doryphore peut engendrer plusieurs générations par an, avec des attaques répétées en cours de saison.

Comment lutter contre le doryphore ?

Nématodes, rotation des cultures, plantes répulsives, insecticides, purin d’ortie… Pour protéger vos cultures contre la voracité du doryphore, plusieurs stratégies de lutte peuvent être combinées.

Lutte biologique : nématodes, prédateurs et plantes répulsives

Certaines espèces de nématodes entomopathogènes, comme Steinernema feltiae, parasitent les larves de doryphore dans le sol. Faciles à appliquer, ces micro-organismes sont une solution naturelle pour freiner les infestations.

D’autres alliés naturels existent aussi : oiseaux insectivores (étourneaux, merles, poules), carabes, coccinelles et punaises prédatrices contribuent à réguler les populations de doryphores à différents stades de leur cycle.

Côté végétal, plusieurs plantes agissent comme répulsifs naturels. Le lin bleu, la ciboulette, le raifort ou encore l’ail semés entre les rangs de pommes de terre perturbent l’installation des adultes.

Lutte culturale : rotation et associations de cultures

La rotation des cultures, en évitant de replanter des Solanacées sur la même parcelle deux années de suite, perturbe le cycle de vie du doryphore et réduit les risques de réinfestation.

Autre levier préventif : les associations de cultures. Planter des pommes de terre à proximité de légumineuses comme les haricots ou les pois peut désorienter les doryphores adultes à la recherche de leur plante-hôte.

La raison ? Ces cultures compagnes créent une barrière visuelle et olfactive naturelle, limitant ainsi la progression des populations.

Lutte chimique : quand et comment utiliser des insecticides ?

L’usage d’un insecticide doit rester une solution de dernier recours, à appliquer uniquement en cas de forte infestation. Voici les étapes à suivre pour garantir une intervention efficace et raisonnée :

✅ Avant d’agir : les bons réflexes

  • Alternez les familles de substances actives : pour éviter l’apparition de résistances.
  • Respectez les doses indiquées par le fabricant.
  • Choisissez les bonnes conditions :
    • Temps sec
    • Peu ou pas de vent
    • Températures modérées (ni trop froides, ni trop chaudes)

⏱️ Moment idéal d'application

  • Ciblez les jeunes larves, juste après leur éclosion.
  • Une intervention précoce limite l’ampleur de l’invasion.

💧 Préparation du mélange

Composant Quantité recommandée
Eau 1 litre
Insecticide Environ 1,5 mL / litre
  • Mélangez bien la solution.
  • Utilisez un pulvérisateur propre pour l'application.

🌿 Application sur les cultures

  • Pulvérisez sur feuillage sec, en fine couche.
  • Inutile de traiter la face inférieure des feuilles : le produit pénètre dans les tissus végétaux et agit de manière systémique.

Besoin de plus de conseils ? Découvrez notre guide complet sur les traitements efficaces contre le doryphore.

Purin d’ortie, vinaigre blanc : que valent les méthodes maison ?

Le purin d’ortie, riche en azote et en composés stimulants, agit avant tout comme un fortifiant. Il améliore la vigueur des plants et renforce leurs défenses naturelles, mais son action reste trop limitée pour enrayer une infestation de doryphores.

Le vinaigre blanc dilué, parfois évoqué comme répulsif naturel, n’a pas démontré d’efficacité fiable contre cet insecte. Surtout, son usage est à proscrire en agriculture : en acidifiant le sol, il nuit à la vie microbienne et à la biodiversité.

Le doryphore est-il résistant aux insecticides ?

Le doryphore est l’un des insectes les plus résistants aux insecticides. On recense aujourd’hui plus de 50 substances actives auxquelles il a développé une résistance. Cette capacité d’adaptation le rend difficile à éradiquer une fois installé.

Pourquoi cet insecte développe-t-il des résistances ?

Le doryphore possède une grande variabilité génétique, qui accélère l’apparition de mutations favorisant la survie face aux traitements chimiques.

À chaque exposition à un insecticide, les individus les plus résistants survivent et transmettent leurs gènes aux générations suivantes.

Ce mécanisme de sélection naturelle est renforcé par le cycle de reproduction ultra rapide de l’insecte (jusqu’à 4 générations par an).

L’usage intensif et répété des mêmes molécules favorise encore ce phénomène. Résultat ? Certains traitements autrefois efficaces sont à présent inopérants.

Quelles alternatives efficaces en 2025 ?

Face à la résistance croissante du doryphore aux insecticides, plusieurs méthodes alternatives gagnent en popularité :

  • Les prédateurs naturels, comme les coccinelles, les carabes ou certains oiseaux, permettent de limiter naturellement les populations de doryphores, notamment à l’état d’œuf ou de larve.
  • Les pièges à phéromones offrent une méthode de surveillance et de capture ciblée des adultes, utile pour détecter précocement les invasions et perturber leur cycle de reproduction.
  • La rotation des cultures, en évitant de planter des Solanacées au même endroit chaque année, entrave le cycle de vie du ravageur et réduit sa présence d’une saison à l’autre.
  • Les plantes compagnes, comme le lin, la ciboulette ou l’ail, ont un effet répulsif sur le doryphore lorsqu’elles sont associées à la culture de la pomme de terre.

La meilleure stratégie consiste à combiner plusieurs leviers de lutte, afin de limiter les traitements phytosanitaires et ralentir le développement de nouvelles résistances chez les populations de doryphores.

Les questions fréquentes que l'on se pose à propos du doryphore :

Comment arrivent les doryphores ?

Quelle est la durée de vie d’un doryphore ?

Est-ce que le doryphore est dangereux ?

Est-ce que le doryphore attaque les tomates ?

Quelle est la différence entre le doryphore et le hanneton ?

Comment faire disparaître les doryphores ?

Quel est le prédateur naturel du doryphore ?

Quel est le meilleur traitement contre les doryphores ?

Est-ce que les doryphores volent ?


  • Arthur Verkinderen Arthur Verkinderen, Expert Phyto et protection des plantes chez Agryco
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