Féverole : une culture protéique rentable pour vos rotations

  • Mis à jour : 29 Octobre 3600   |   Publié : 05 Décembre 2023
  • Cipan-Fourragère
  • Temps de lecture : 5 minutes
Féverole : une culture protéique rentable pour vos rotations

Ce qu'il faut retenir :

  • La féverole est une plante légumineuse de la famille des Fabeae, genre Vicia faba.
  • Elle est appréciée pour ses avantages agronomiques, notamment la fixation d'azote et sa compétition avec les mauvaises herbes.
  • Il existe deux types de féverole : féverole d'hiver et féverole de printemps.
  • La féverole contribue à une rotation bénéfique, permet une économie d'intrants, offre des rendements intéressants, s'adapte à divers sols et représente une diversification intelligente pour les agriculteurs.
  • C'est une ressource polyvalente utilisée en alimentation animale, en nourriture humaine, et elle offre aussi des possibilités industrielles pour la chimie et les biocarburants.

La féverole est une culture de plus en plus présente dans les exploitations françaises. Loin de se limiter à un rôle de diversification, elle occupe une place stratégique dans les systèmes de production modernes. En conditions favorables, ses rendements peuvent atteindre 65 à 70 quintaux par hectare, ce qui la place parmi les légumineuses les plus performantes. De plus, elle laisse un héritage agronomique précieux : un gain moyen de +7,5 q/ha sur le blé suivant, tout en permettant une économie d’environ 60 unités d’azote/ha grâce à sa capacité de fixation symbiotique.

Ces atouts répondent à une double exigence : la recherche d’une meilleure maîtrise des charges, dans un contexte de prix élevés des intrants, et la volonté de réduire la dépendance européenne au soja importé. La féverole illustre donc parfaitement la rencontre entre performance technique et réponse aux attentes sociétales.

Pourquoi cultiver la féverole ? 

Par définition, la féverole est une plante annuelle de la famille des fabaceae, appartenant au genre Vicia et à l'espèce Vicia faba. Elle peut atteindre jusqu’à 1,5 m de hauteur, avec une tige robuste et un système racinaire pivotant qui lui permet de bien explorer le sol. Ses feuilles sont composées de 4 folioles ovales et sa floraison, caractérisée par des fleurs blanches ou marquées de noir, joue un rôle important dans la formation du fruit. Le fruit est une gousse oblongue contenant 3 à 8 grains appelés féveroles.

La progression des surfaces cultivées (environ 60 000 à 70 000 hectares en France) s’explique par une combinaison d’avantages agronomiques, économiques, environnementaux et stratégiques.

CatégorieRaisons de cultiver la féveroleBénéfices pour l’agriculteur
Agronomiques- Fixation de l’azote atmosphérique
- Bonne tête d’assolement (blé +7,5 q/ha)
-Effet nettoyeur sur adventices
- Production de biomasse / engrais vert / amélioration du sol
- Moins d’engrais azoté à acheter
- Gain de rendement et de qualité sur le blé suivant
- Moins de pression maladies et mauvaises herbes
- Sol plus fertile et structuré
Économiques- Diversification des revenus
- Réduction d’intrants (N)
- Bonne marge en conditions favorables
- Éligible à certaines aides PAC
- Sécurisation du chiffre d’affaires
- Économie directe sur les charges
- Potentiel de +100 à +400 €/ha de marge semi-nette
- Soutien financier via aides écorégimes
Environnementales / sociétales- Culture économe en intrants
- Réduction de l’empreinte carbone
- Substitut au soja importé
- Contribution à la souveraineté protéique
- Image positive (agriculture durable)
- Intégration en bio facilitée
- Participation à la transition alimentaire
- Positionnement sur filières locales
Stratégiques (exploitation)- Étale les travaux (semis/récolte)
- Adaptée à différents sols
- Peut s’associer à d’autres cultures (colza)
- Valorisation en filières locales
- Organisation du travail plus souple
- Résilience face aux aléas climatiques
- Optimisation de la rotation
- Accès à primes qualité sur le marché de l'alimentation humaine

On distingue par ailleurs deux types de féverole qui présentent des différences de culture : la féverole d'hiver et la féverole de printemps.

Rendements et rentabilité : quels repères ?

La féverole affiche une forte variabilité de rendement, selon le type (hiver ou printemps), les conditions de sol, la pluviométrie et la pression sanitaire.

  • En féverole d’hiver, les rendements oscillent généralement entre 25 et 40 q/ha, avec un potentiel supérieur dans les zones océaniques tempérées.
  • En féverole de printemps, les rendements moyens se situent entre 30 et 50 q/ha, mais peuvent atteindre 65 à 70 q/ha dans des conditions optimales (sol profond, pluviométrie régulière, faible pression maladies).

Au-delà du rendement brut, il faut intégrer la valeur économique réelle de la culture : prix de vente, coûts variables, mais aussi économies d’azote et effets positifs sur la culture suivante.

Rendement prévisionnels simplifiés (€/ha)

ScénarioRendement (t/ha)Prix moyen (€/t)Recette brute (€/ha)Marge indicative*
Prudent2,5230575–50 à +50
Référence3,5250875+100 à +300
Haut potentiel5,03201 600+400 à +600

*Marge semi-nette hors frais fixes et structure.

Un crédit azote à valoriser

Au-delà du revenu de la récolte, la féverole laisse dans le sol un crédit azote estimé entre 30 et 60 unités/ha. Cet effet direct sur la culture suivante (blé, orge) se traduit non seulement par une réduction d’engrais minéral, mais aussi par un gain de rendement et de teneur en protéines. Un atout économique majeur en période de forte volatilité des prix des engrais.

Focus sur 4 variétés phares de féverole

Axel – la référence nationale en rendement

Axel est aujourd’hui une variété témoin et valeur sûre en féverole. Elle se distingue par des rendements supérieurs à la moyenne nationale depuis plusieurs années et une régularité remarquable entre régions et campagnes. Cette stabilité en fait une référence incontournable pour sécuriser la production.

Son point faible : une tolérance moyenne au froid, qui demande une vigilance particulière dans les zones à risque de gel. 👉 La variété de référence pour qui cherche un compromis solide entre productivité et stabilité.

Le conseil agronomique : implantez Axel dans des zones à climat tempéré ou en sols profonds qui limitent le risque de stress hivernal. En zones gélives, privilégiez un semis pas trop précoce et surveillez les épisodes de froid intense.

Diva – la féverole tolérante au froid mais en retrait

Diva est une variété ancienne qui a longtemps fait référence, notamment grâce à sa bonne tolérance au froid et à sa régularité en zones océaniques. Elle reste encore cultivée dans certaines régions, mais ses rendements sont désormais inférieurs aux standards actuels. Sa teneur en protéines relativement faible limite aussi son intérêt dans un contexte où la qualité nutritionnelle est recherchée.

👉 Un choix de sécurité dans les régions océaniques, mais moins compétitive face aux variétés modernes.

Le conseil agronomique : privilégiez Diva si vous êtes dans une zone humide et douce, où sa tolérance au froid reste un atout. Elle peut sécuriser un assolement, mais il est conseillé de la compléter par des variétés plus récentes pour équilibrer rendement et qualité.

Irina – la classique à bonne teneur en protéines

Irina est reconnue pour sa tolérance à la verse et sa bonne teneur en protéines, ce qui en fait un choix intéressant pour les débouchés alimentaires et fourragers. Elle donne ses meilleurs résultats dans les zones de l’Ouest.

👉 Une valeur sûre sur le plan qualitatif, mais moins performante sur le plan productif.

Le conseil agronomique : semez Irina si la qualité protéique est prioritaire dans vos débouchés. Dans les zones venteuses ou à forte pluviométrie, sa tolérance à la verse est un avantage. Évitez toutefois les zones gélives.

Nepal – la promesse en féverole de printemps

Nepal se positionne comme une variété de printemps prometteuse. Ses performances sont souvent au-dessus de la moyenne des essais, avec une teneur en protéines correcte. Son potentiel de rendement et sa vigueur en font déjà une alternative intéressante pour diversifier l’assolement.

👉 Une option moderne pour introduire la féverole de printemps dans les rotations.

Le conseil agronomique : testez Nepal sur une partie de vos surfaces de printemps pour juger de sa régularité sur votre terroir. Elle est idéale pour les systèmes cherchant à diversifier les cultures protéagineuses et à sécuriser un bon rendement sans sacrifier la qualité protéique.

Tableau comparatif de rendements moyens de 4 variétés de féverole

VariétéTypeRendement moyenTolérance froidTolérance verseProtéines (%MS)Atouts
DivaHiverEn retrait (-10 % sous la moyenne)Très bonneAssez bonneFaible (28 %)Rusticité, historique
IrinaHiverMoyenne, hétérogène selon zonesMoyenneBonneÉlevée (29 %)Protéines, zones ouest
AxelHiver+8 à +12 % au-dessus de la moyenne nationaleMoyenneAssez bonneMoyenne (28 %)Régularité, rendement stable
NepalPrintempsAu-dessus de la moyenne dans la majorité des essaisBonneAssez bonneMoyenne (29 %)Potentiel élevé, variété récente

source : synthèse d'essais Terres Inovia 2022–2024

Réussir sa féverole : la gestion des risques

Comme toute légumineuse, la féverole demande quelques précautions techniques pour exprimer tout son potentiel. La réussite repose sur une bonne anticipation, depuis le choix de la parcelle jusqu’à la commercialisation.

Rotation

Évitez les retours trop fréquents : un intervalle d’au moins 5 ans est conseillé avant de ressemer féverole ou une autre légumineuse sensible (pois, lentille). Cela permet de limiter l’accumulation de maladies spécifiques comme l’anthracnose ou l’ascochytose.

Densité et date de semis

Adapter la densité au type de féverole et au PMG :

Type de semis Densité (graines/m²) Période optimale Objectif Conseils pratiques Profondeur Risque d’un semis trop tardif
Hiver 20–30 Début novembre à mi-décembre Assurer une levée avant les fortes gelées, sans développement trop précoce Semer plutôt en novembre sur sols limoneux et zones à hivers froids.
Décaler jusqu’à mi-décembre sur sols argileux ou dans le Sud, où la portance est plus difficile.
5–7 cm (protection contre le froid) Enracinement insuffisant avant l’hiver → pertes au gel, mauvaise vigueur au printemps
Printemps 40–50 Janvier à mars (selon les régions) Profiter d’un sol ressuyé rapidement pour limiter le risque de stress hydrique à la floraison Zones océaniques et tempérées : fin janvier – février si le sol est praticable.
Zones continentales plus froides : février – mars, lorsque le sol atteint 5–6 °C minimum.
5 cm (semis précoce) à 6–7 cm (semis tardif, sol plus sec) Cycle raccourci, floraison en période de chaleur → chute du rendement (gousses avortées, PMG plus faible)


Un semis trop dense favorise les maladies aériennes, tandis qu’un semis trop clair réduit la compétition contre les adventices. Le respect de la fenêtre de semis locale est essentiel pour obtenir un enracinement profond avant l’hiver (variétés d’hiver) ou pour éviter un stress hydrique en floraison (variétés de printemps).

Surveillance bruche et maladies de la féverole

  • Bruche : surveiller les vols dès la floraison, surtout quand les températures dépassent 20 °C. Un suivi par pièges ou via les bulletins de santé du végétal est recommandé pour déclencher une intervention raisonnée.
  • Maladies fongiques : l’anthracnose, l’ascochytose et le botrytis sont les principales menaces. Privilégiez les variétés tolérantes, réduisez la densité excessive et intervenez uniquement en cas de conditions favorables (pluies répétées, couvert dense).

👉 En résumé : une féverole réussie, c’est avant tout une rotation bien pensée, un semis maîtrisé, une surveillance attentive en floraison, et un débouché sécurisé dès l’implantation.

Les questions que l'on se pose sur la féverole :

Quand récolter la féverole ?

Quels sont les bienfaits de la féverole ?

Quelle est la différence entre les fèves et les féveroles ?


  • Gautier Tabuteau Gautier Tabuteau, Expert Semences chez Agryco
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