Qu'est ce que le Glyphosate ? ( utilisation, interdiction et alternatives)
Ce qu'il faut retenir :
- Le glyphosate est un herbicide systémique à large spectre et dit total, qui agit sur (presque) tous les types de végétaux.
- Cette matière active présente plusieurs avantages pour les agriculteurs : efficacité, rapidité d’action, faible coût.
- L’utilisation du glyphosate est très encadrée par la législation européenne. Ce produit est interdit dans les espaces verts et les jardins.
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Les principales alternatives au glyphosate sont le désherbage mécanique, les solutions de biocontrôle et les leviers agronomiques.
Utilisé dans plus de 130 pays et présent dans plus de 750 produits phytosanitaires, le glyphosate est l’herbicide le plus répandu au monde.
Mais son usage soulève de nombreuses questions. Ce produit est-il dangereux pour la santé ? Quel est son impact sur l’environnement ? Sera-t-il bientôt interdit par l'Union Européenne ?
Dans cet article, découvrez ce qu’est le glyphosate, comment ce produit agit, quels risques il présente, ce que dit la législation en France, et quelles alternatives envisager.
Qu'est-ce que le glyphosate ?
Le glyphosate est un herbicide systémique à large spectre, utilisé pour éliminer les mauvaises herbes (ou adventices) dans les champs, les cultures et les zones non cultivées. Contrairement aux désherbants de contact, il agit en profondeur, jusqu’au système racinaire, ce qui permet une éradication complète des végétaux traités.
Comment agit le glyphosate ?
Une fois pulvérisé sur les feuilles, le glyphosate est absorbé par la plante, puis transporté via la sève vers l’ensemble du système végétatif. Il agit en bloquant une enzyme essentielle à la synthèse de certains acides aminés, ce qui empêche la plante de produire les protéines nécessaires à sa croissance. Résultat : la plante meurt en quelques jours.
Quand le glyphosate a-t-il été inventé ?
Découvert dans les années 1950 par un chimiste suisse, Henri Martin, le glyphosate a ensuite été commercialisé en 1974 par Monsanto sous la marque Roundup. Depuis, il est devenu l’herbicide le plus utilisé au monde, avec plus de 800 000 tonnes vendues en 2014. Il est aujourd’hui présent dans de nombreux produits phytosanitaires agricoles.
À quoi sert le glyphosate ?
Malgré les controverses, le glyphosate reste l’un des produits herbicides les plus utilisés par les agriculteurs, en raison de ses performances, de sa polyvalence et de son coût. Voici les principaux avantages de cette substance active :
Un herbicide total à large spectre
Le glyphosate élimine plus de 150 espèces d’adventices, y compris des vivaces coriaces comme le chardon, le liseron ou le rumex. Il agit en profondeur, jusqu’au système racinaire, ce qui évite les repousses et réduit le besoin de réinterventions. Ce pouvoir d’action en fait un produit universel, utilisable sur plus de 30 types de cultures.
Un gain de temps et d’énergie
Utiliser du glyphosate permet souvent de remplacer plusieurs opérations mécaniques de désherbage. Un passage de pulvérisateur prend environ 0,5 à 1 heure par hectare, contre 2 à 3 heures pour un désherbage mécanique équivalent. Résultat : moins de main-d’œuvre, moins de carburant, et une réduction de l’usure du matériel agricole.
Une solution économique
Le coût moyen d’un traitement au glyphosate est de 9 à 12 €/ha, selon les doses et les formulations. À titre de comparaison :
| Méthode | Coût/ha estimé | Remarques |
|---|---|---|
| Glyphosate | 9 à 12 € | Une seule application, large spectre |
| Autres herbicides chimiques | 18 à 25 € | Plusieurs molécules souvent nécessaires |
| Désherbage mécanique | 25 à 35 € | Coût en carburant, temps, et usure du matériel |
Cette compétitivité explique sa large adoption, notamment dans les exploitations céréalières où la marge de manœuvre économique est souvent réduite.
Compatible avec le semis direct
Dans les systèmes en semis direct ou en agriculture de conservation, le glyphosate est un levier clé : ce produit chimique permet de contrôler les adventices sans perturber la structure du sol. Cela contribue à préserver la biodiversité microbienne et à réduire l’érosion des sols jusqu’à 90% par rapport au labour.
Une application souple et ciblée
Le glyphosate peut être utilisé avant semis, entre deux cultures, ou pour nettoyer les bordures de champs. Cet herbicide offre aux agriculteurs une flexibilité précieuse dans les calendriers de culture. Il leur permet également d’intervenir rapidement en cas de prolifération de plantes indésirables.
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Comment adjuvanter le glyphosate agricole pour améliorer son efficacité ?
L'optimisation de l'efficacité du glyphosate est cruciale en raison des restrictions d'usage. Pour maximiser son efficacité avec un minimum de matière active, il est essentiel de bien adjuvanter la bouillie et de pulvériser dans des conditions optimales (climat, matériel, stade végétatif...) :
- Correction de la dureté de l'eau : Le glyphosate est sensible aux ions calcium présents dans l'eau dure. Ajouter 1 g de sulfate d'ammonium pour 1 ppm de dureté dans 100 L d'eau améliore l'efficacité. Cet ajout peut être fait jusqu'à 24 heures à l'avance.
- Utilisation d'humectants : En cas d'hygrométrie limitée (60-70%), ajouter un humectant comme le sulfate de magnésie ou le sulfate d'ammonium. Cela ralentit le séchage des gouttelettes sur les feuilles, permettant une meilleure pénétration du produit.
- Ajout d'huile végétale : 0,5 L/ha d'huile végétale estérifiée améliore la pénétration, particulièrement sur les feuilles peu mouillables comme celles des graminées adventices.
- Utilisation de mouillant-étalant : Ajouter un produit comme le Silwett L77 (0,02% du volume de bouillie) pour étaler les gouttes et améliorer l'adhérence sur les feuilles.
- pH de la bouillie : Bien que le pH des produits à base de glyphosate soit acide (4-5), l'efficacité accrue d'une réduction du pH de la bouillie n'est pas scientifiquement prouvée. L'utilisation d'eau de pluie, légèrement acide et non dure, est optimale.
- Concentration et volume d'eau : Plus le glyphosate est concentré, meilleure est son efficacité. Réduire le volume d'eau améliore significativement l'efficacité du glyphosate, qui répond particulièrement bien au bas volume.
Le glyphosate est-il dangereux ?
Le glyphosate, en tant que substance active herbicide, fait l’objet de nombreuses études scientifiques et suscite une forte controverse, notamment autour de ses effets sur la santé humaine et son impact environnemental. S’il reste autorisé en Europe en 2025, son utilisation est strictement encadrée, car les doutes persistent.
Risques pour la santé humaine
En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’OMS, a classé le glyphosate comme « cancérogène probable pour l’être humain ». Cette décision s’appuie sur des études indiquant une cancérogénicité chez l’animal et des corrélations possibles avec certains lymphomes non hodgkiniens.
Mais la même année, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a conclu que le glyphosate est « peu susceptible de présenter un danger cancérogène pour l’homme » aux niveaux d’exposition attendus dans le cadre de ses usages autorisés. Un positionnement partagé par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).
Ces divergences nourrissent un débat de fond sur les niveaux de preuves scientifiques requis pour encadrer la mise sur le marché des produits phytosanitaires. Elles portent aussi sur les critères d’évaluation du risque : faut-il se baser sur l’exposition réelle ou les effets observés en laboratoire ? Quelle place accorder au principe de précaution ?
Impacts environnementaux
Au-delà des enjeux de santé publique, l’utilisation du glyphosate soulève de nombreuses préoccupations liées à son impact sur les milieux naturels, notamment les eaux de surface, les sols agricoles et la biodiversité.
- Pollution des eaux de surface et souterraines : Le glyphosate est fréquemment retrouvé dans les rivières, les nappes phréatiques et les lacs, à cause du ruissellement ou de l’infiltration dans les sols. Son principal produit de dégradation, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA), persiste dans les milieux aquatiques. En France, des études ont identifié des concentrations dépassant parfois les seuils réglementaires pour l’eau potable, ce qui pose la question de sa sécurité environnementale.
- Altération de la biodiversité des sols : Le glyphosate peut perturber la vie des organismes du sol (bactéries, champignons, vers de terre, insectes...), qui sont essentiels à la fertilité des terres agricoles. Une exposition répétée peut modifier la composition microbienne des sols et affaiblir la résilience des agroécosystèmes.
- Effets sur la vie aquatique : L’herbicide glyphosate et ses résidus peuvent s’avérer toxiques pour certaines espèces aquatiques, notamment les algues, les invertébrés et les poissons. Des concentrations élevées, souvent relevées après des périodes de traitement, peuvent déséquilibrer les chaînes alimentaires et affecter les écosystèmes aquatiques.
- Résistance des adventices : L’usage intensif de cette substance active a entraîné l’apparition de plantes résistantes, parfois appelées “super-mauvaises herbes”. Plus de 50 espèces résistantes ont déjà été recensées dans le monde. Cette résistance au glyphosate complique les pratiques de désherbage et conduit parfois à une augmentation des doses ou à l’usage d’autres herbicides chimiques.
- Effets indirects sur la faune : En détruisant une grande variété de plantes, ce produit herbicide total réduit la diversité végétale, ce qui a un effet domino sur la faune. Les pollinisateurs, les oiseaux et de nombreuses espèces dépendantes de ces habitats sont affectés par la raréfaction de leurs ressources alimentaires.
Des études toujours en cours
Des études récentes continuent d’évaluer la toxicité du glyphosate, ses effets sur le système hormonal, sa possible implication dans certaines maladies chroniques et son impact sur les écosystèmes aquatiques. En parallèle, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) effectue un suivi régulier de l’exposition de la population et de l’environnement en France.
Le glyphosate est-il interdit en France ?
Non, le glyphosate n’est pas interdit en France en 2025, mais son utilisation est très encadrée. Les règles varient selon le profil des utilisateurs (particuliers, agriculteurs, collectivités) et les types d’usages autorisés.
Pour les particuliers
Depuis le 1er janvier 2019, la loi Labbé interdit aux particuliers d’acheter, de détenir ou d’utiliser des produits phytosanitaires de synthèse — y compris le glyphosate — pour l’entretien des jardins, potagers, allées, terrasses et autres espaces verts. Seuls les professionnels disposant du Certiphyto peuvent encore s’en procurer, et uniquement dans des cas dérogatoires.
Pour les agriculteurs
Les agriculteurs peuvent toujours utiliser le glyphosate, à condition qu’aucune alternative technique, économique et opérationnelle ne soit disponible pour l’usage concerné. Ce principe, appliqué depuis 2020, est encadré par l’Anses.
Depuis sa mise en place, plusieurs usages et formulations ont été retirés du marché. Des limites strictes de dose ont également été imposées : 1 080 g/ha/an en grandes cultures et 450 g/ha/an en viticulture.
Pour finir, des zones de non-traitement (ZNT) ont été instaurées autour des habitations, des points d’eau et des milieux sensibles pour protéger les riverains et l’environnement.
Pour les collectivités
Depuis 2017, les collectivités locales n’ont plus le droit d’utiliser du glyphosate pour l’entretien des espaces publics, tels que les voiries, trottoirs, forêts urbaines, cimetières et promenades. L’objectif : limiter l’exposition du grand public et préserver la biodiversité urbaine.
Cependant, des dérogations ciblées existent, par exemple pour :
- Les voies ferrées, pistes d’aéroport, sites industriels…
- Les situations où aucune alternative mécanique n’est possible ou lorsque l’usage du glyphosate est nécessaire pour garantir la sécurité des infrastructures.
Une autorisation européenne prolongée mais controversée
En novembre 2023, la Commission européenne a renouvelé l’autorisation du glyphosate pour 10 ans, jusqu’en 2033. Ce renouvellement s’est accompagné de nouvelles conditions d’utilisation, renforçant les mesures de sécurité et de protection de l’environnement.
La France, qui s’était engagée en 2017 à sortir du glyphosate « dans trois ans », s’est abstenue lors du vote européen. Des recours juridiques ont été engagés par des ONG pour contester cette décision, au nom du principe de précaution.
Alternatives au glyphosate : que peut-on utiliser à la place ?
Le glyphosate est un herbicide puissant et peu coûteux, mais son utilisation suscite aujourd’hui des controverses en raison de ses impacts environnementaux et sanitaires.
Face à la réglementation de plus en plus stricte, des alternatives au glyphosate émergent. Cependant, elles présentent également des limites.
| Alternative | Efficacité | Coût estimé | Limites principales |
|---|---|---|---|
| Dicamba / 2,4-D | Moyenne à bonne, selon les adventices | 18 à 25 €/ha | Moins efficace sur les graminées, toxicité potentielle, volatilité |
| Acide pélargonique | Bonne sur jeunes adventices | 40 à 60 €/ha | Action de contact, nécessite plusieurs passages |
| Désherbage mécanique | Bonne sur adventices annuelles | 25 à 35 €/ha | Dépend de la météo, usure du matériel, efficacité variable |
| Désherbage thermique ou électrique | Moyenne | > 60 €/ha | Très énergivore, difficile à appliquer à grande échelle |
| Méthodes agronomiques | Préventive, efficace sur le long terme | Faible à modérée | Nécessite adaptation du système de culture, résultats progressifs |
Les herbicides chimiques
Parmi les produits phytosanitaires de synthèse autorisés en France, des substances comme le Dicamba ou le 2.4D offrent une substitution au glyphosate. Cependant, elles ne sont pas efficaces contre les graminées et comportent des inconvénients majeurs :
- Leur impact sur les milieux naturels et la santé de l'être humain reste significatif.
- Leur coût à l’hectare est plus élevé que celui du glyphosate.
- Le Dicamba est très volatile et peut causer des dégâts sur les parcelles voisines, tandis que le 2.4D impose des délais de récolte prolongés après application.
Le désherbage mécanique
Si vous êtes en agriculture biologique, vous n’avez pas l’autorisation d’utiliser du Roundup ou d’autres produits à base de glyphosate. Toutefois, vous pouvez explorer d’autres solutions, plus respectueuses de l’environnement.
Première option : le labour, ou le désherbage mécanique. Ici, pas question d’utiliser des herbicides. L’idée, c’est de travailler votre sol en faisant un passage à l’aide d’une bineuse ou d'une herse étrille pour déraciner les adventices.
Toutefois, cette solution n’est pas infaillible. Si vos parcelles sont impraticables à cause du mauvais temps, par exemple, vous ne pourrez pas intervenir, ce qui laisse aux mauvaises herbes le temps de s’installer.
D’autres solutions sont à l’essai, comme le désherbage thermique ou électrique. Le principe ? Émettre de la chaleur pour détruire les adventices sans utiliser de produits chimiques. Mais ces méthodes sont difficiles à déployer à grande échelle.
Les solutions de biocontrôle
Pour finir, il existe des produits de biocontrôle, basés sur des mécanismes naturels, qui ont une action désherbante. C’est notamment le cas de l’acide pélargonique, utilisé en agriculture pour lutter contre les adventices.
Cette substance naturelle agit comme un herbicide de contact non sélectif. Elle détruit la cuticule des feuilles et entraîne la dessiccation des végétaux traités en l’espace de seulement quelques heures.
Cela dit, le coût à l’hectare de l’acide pélargonique et des autres produits de biocontrôle est plus élevé que celui du glyphosate. Et ces préparations nécessitent souvent plusieurs passages pour éliminer les plantes envahissantes.
Questions fréquentes que l'on se pose sur le glyphosate
Comment agit le glyphosate ?
Quel désherbant est aussi efficace que le glyphosate ?
Quelle est la différence entre le glyphosate et le roundup ?
Combien de temps avant la pluie faut-il l'appliquer le glyphosate ?
Quelle quantité de glyphosate par litre d'eau ?
Où acheter glyphosate 360 ?
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