Ration vache laitière : calcul & mode d’emploi

  • Mis à jour : 23 Octobre 2025   |   Publié : 20 Octobre 2025
  • Nutrition
  • Temps de lecture : 5 minutes
Ration vache laitière : calcul & mode d’emploi

Ce qu'il faut retenir :

  • Une ration équilibrée couvre les besoins d’entretien et de production (lait, croissance, reproduction).
  • Les fourrages sont la base, complétés par concentrés et minéraux.
  • Les points clés : énergie (UFL), protéines (PDI), fibres, vitamines, minéraux et eau.
  • Les besoins varient selon le stade de lactation : énergie au début, équilibre au milieu, remise en état en fin de lactation.
  • Une ration bien calculée = plus de lait, meilleure santé et longévité du troupeau.

La vache laitière est une véritable “usine biologique” capable de transformer l’herbe, les céréales et les coproduits en un aliment d’une grande valeur : le lait. Mais cette performance n’est possible qu’à une condition : lui fournir une ration équilibrée, capable de couvrir à la fois ses besoins d’entretien (respiration, digestion, locomotion) et ceux liés à la production (lait, reproduction, croissance éventuelle).

Une ration bien calculée, ce n’est pas seulement des litres de lait supplémentaires : c’est aussi une meilleure fertilité, une santé digestive préservée, une longévité accrue et, in fine, une rentabilité renforcée pour l’éleveur.

Quels sont les besoins nutritionnels des vaches laitières ?

En élevage bovin, les vaches laitières doivent recevoir une ration qui couvre l’ensemble de leurs besoins nutritionnels. La qualité de la ration dépend directement de la valeur nutritive des fourrages et concentrés utilisés, exprimée notamment en matière sèche, en taux protéique et en valeur alimentaire. Une ration équilibrée assure à la fois la production, la reproduction et la santé animale.

Voici les principaux éléments à prendre en compte :

L’énergie (UFL)

  • L’Unité Fourragère Lait (UFL) exprime l’énergie disponible pour la vache.
  • Elle couvre l’entretien (≈ 5 à 6 UFL/jour pour une vache de 650 kg) et la production (0,44 UFL par litre de lait produit à 4 % de matière grasse).
  • Exemple : une vache produisant 30 L/jour a besoin de près de 18 UFL rien que pour le lait, en plus de ses besoins d’entretien.

Les protéines (PDI)

  • Essentielles pour la nutrition et la production de lait, mais aussi pour la reproduction.
  • On distingue les protéines dégradables dans le rumen (flore microbienne) et les protéines by-pass (PDIA) digestibles directement dans l’intestin.
  • Un bon équilibre entre protéines microbiennes et by-pass est indispensable pour maximiser la production et maintenir la santé animale.

Les fibres (NDF)

  • Véritable carburant du rumen : elles stimulent la rumination, la salivation (effet tampon contre l’acidose) et assurent un bon transit.
  • Trop peu de fibres → risque d’acidose.
  • Trop de fibres peu digestibles → ingestion limitée et chute de production.

Les minéraux et vitamines

  • Calcium et phosphore : essentiels à la production laitière et à la santé osseuse.
  • Magnésium : prévention de la tétanie d’herbage.
  • Sodium et oligo-éléments (zinc, cuivre, sélénium…) : nécessaires au métabolisme.
  • Vitamines A, D, E : soutien de l’immunité et de la reproduction.

L’eau

  • Premier aliment d’une vache laitière.
  • Une vache produisant 30 L/jour peut boire plus de 100 L d’eau par jour.
  • Une eau propre, abondante et accessible est aussi déterminante que l’énergie et les protéines dans la ration.

Quelle est la consommation journalière d'une vache laitière ?

Les besoins nutritionnels des vaches laitières évoluent fortement en fonction de leur niveau de production. Plus une vache produit de lait, plus sa ration doit être dense en énergie (UFL) et en protéines digestibles (PDI), tout en conservant un apport suffisant en fibres pour maintenir l’équilibre ruminal et éviter les troubles digestifs.

Ainsi, une vache produisant 20 litres par jour peut se contenter d’une ration relativement simple, tandis qu’une vache à plus de 40 ou 50 litres/jour nécessite des apports hautement techniques et un suivi précis. Le tableau ci-dessous illustre les besoins moyens en UFL et PDI selon le niveau de production, ainsi que les grandes lignes de formulation des rations adaptées.

Production (L/vache/jour)UFL (Unités Fourragères Lait)PDI (Protéines Digestibles dans l’Intestin)Caractéristiques de la ration
20 L/jour14 – 161 200 – 1 400 gRation relativement simple, souvent basée sur ensilage d’herbe, foin + un peu de concentrés. Profil typique des vaches en milieu/fin de lactation ou en système herbager.
30 L/jour20 – 221 800 – 2 000 gBesoin énergétique plus dense. Base souvent : ensilage de maïs + tourteaux (colza, soja) + céréales. Suivi régulier nécessaire pour éviter les déséquilibres.
40 L/jour24 – 262 400 – 2 600 gVaches hautes productrices : apports concentrés. Équilibre fibres/amidon critique pour prévenir acidose et chute du TB. Complémentation individuelle importante.
50 L/jour et +28 – 302 800 – 3 000 gRations hautement techniques : matières grasses protégées, additifs spécifiques. Suivi nutritionniste conseillé pour sécuriser santé et reproduction.

La composition d'une ration

Dans l’alimentation des vaches laitières, la ration repose sur une combinaison équilibrée de plusieurs familles d’aliments. Les fourrages constituent toujours la base, mais ils doivent être complétés par des concentrés, des coproduits et parfois des suppléments pour répondre aux besoins énergétiques, protéiques et minéraux des animaux. Chaque catégorie joue un rôle spécifique : certains apportent de l’énergie rapidement disponible, d’autres des protéines, des fibres structurantes ou encore des additifs qui soutiennent la santé du rumen. Le tableau ci-dessous résume les principaux aliments utilisés et leurs fonctions dans la ration.

CatégorieExemplesRôle / Particularités
Fourrages- Ensilage de maïs
- Ensilage d’herbe
- Foin
- Maïs : riche en énergie, mais pauvre en protéines
- Herbe : bonne teneur en protéines, qualité variable selon coupe et conservation
- Foin : source de fibres structurantes, favorise la rumination
Concentrés- Céréales (maïs grain, blé, orge)
- Tourteaux (soja, colza, tournesol)

- Céréales : apport d’amidon, énergie rapide
- Tourteaux : apport de protéines, avec vitesses de dégradabilité variables dans le rumen
Coproduits- Pulpe de betteraves
- Drêches de brasserie
- Issus de céréales
Produits économiques, diversifient la ration Apportent fibres digestibles, énergie et protéines
Suppléments- Matières grasses protégées
- Correcteurs minéraux et vitaminiques
- Additifs (levures vivantes, tampons, huiles essentielles)
- Graisses protégées : énergie concentrée, sans acidose
- Minéraux/vitamines : ajustent la ration
- Additifs : améliorent digestion et santé du rumen

Un équilibre judicieux entre fourrages et concentrés est essentiel : trop de concentrés entraînent des troubles digestifs, trop de fourrages limitent la production.

Les critères techniques pour équilibrer la ration

Au-delà des valeurs classiques en UFL et PDI, une ration performante doit aussi prendre en compte plusieurs paramètres fins liés au fonctionnement du rumen et aux apports digestibles dans l’intestin. Ces critères conditionnent directement la santé du troupeau et la performance laitière.

Énergie et protéines fermentescibles dans le rumen

  • La flore ruminale a besoin d’un apport simultané d’azote rapidement dégradable et de glucides fermentescibles.
  • Un déséquilibre entre ces deux apports entraîne une chute de la synthèse des protéines microbiennes et donc une baisse de la production laitière.
  • Excès de sucres rapides → risque d’acidose.
  • Excès d’azote dégradable sans énergie suffisante → augmentation de l’urée dans le lait.

Fibres efficaces (NDF)

  • Issues des fourrages, elles assurent le “tapis fibreux” du rumen et participent à sa stabilité.
  • Elles favorisent la rumination, la salivation et le maintien du pH ruminal.
  • Un déficit se traduit par des bouses liquides, une baisse du taux butyreux (TB) et un risque accru d’acidose.

Apports à l’intestin

  • Amidon digestible (ADI) : amidon by-pass utilisé sous forme de glucose.
  • Protéines digestibles (PDIA) : protéines by-pass qui complètent les protéines microbiennes issues du rumen.
  • Ces apports sont cruciaux pour les vaches hautes productrices et celles en début de lactation.

Comment calculer une ration pour vache laitière ?

En élevage laitier, bien calculer une ration est essentiel pour la santé et la production des vaches. Une ration pour vache laitière peut être simple ou plus technique selon le niveau de production. Le rôle du rationnement est d’adapter le calcul aux besoins, en s’appuyant sur des exemples concrets et des conseils pratiques.

Le tableau ci-dessous illustre plusieurs rations types adaptées à différentes situations.

Type de rationComposition (kg MS/jour)AvantagesLimites / Points de vigilance
Maïs ensilage dominant (30 L/jour)- 20 kg maïs ensilage - 5 kg ensilage d’herbe - 2 kg tourteau de colza - 2 kg céréales (orge/blé) - Correcteur minéralRation énergétique et régulièreNécessite un bon complément protéique
Mixte 2/3 maïs – 1/3 herbe (40 L/jour)- 18 kg maïs ensilage - 9 kg ensilage d’herbe - 2 kg foin - 3 kg tourteau de colza - 2 kg tourteau de soja - 2 kg céréales - MinérauxBon compromis énergie/protéines Valorise l’herbe tout en soutenant une production élevéeSuivi nécessaire pour éviter les déséquilibres
Équilibrée 50 % maïs – 50 % herbe (30 L/jour)- 15 kg maïs ensilage - 15 kg ensilage d’herbe - 2 kg foin - 2 kg tourteau de colza - 1,5 kg céréales - MinérauxConvient aux systèmes herbagés Apporte fibres et protéinesProduction moindre que ration très énergétique
Haute production (50 L/jour)- 20 kg maïs ensilage - 10 kg ensilage d’herbe - 2 kg foin - 3 kg tourteau de colza - 3 kg tourteau de soja - 3 kg céréales - 1 à 2 kg matières grasses protégées - Minéraux spécifiquesPermet d’atteindre de très hautes productions Densité énergétique maximaleRisque d’acidose Suivi nutritionniste recommandé
Pâturage (20–30 L/jour)- 30 kg herbe pâturée (MS variable) - 3 kg maïs ensilage - 2 kg céréales - 2 kg tourteau colza/soja - Bloc minéral / libre-serviceIdéale au printemps Économique et riche en protéinesVigilance sur le magnésium (risque de tétanie d’herbage)

Conseils pratiques pour réussir sa ration

  • Analyser ses fourrages : base indispensable.
  • Adapter au stade de lactation : début de lactation = densité énergétique, fin de lactation = fibres et confort ruminal.
  • Observer ses vaches : rumination, bouses, état corporel.
  • Suivre les résultats laitiers : TB, TP, urée, persistance de lactation.

Adapter la ration selon le stade de lactation

Les besoins ne dépendent pas seulement du niveau de production, mais aussi du stade physiologique de la vache.

Début de lactation (0-100 jours)

  • Besoins énergétiques très élevés, ingestion limitée → risque de déficit énergétique.
  • Solutions : propylène glycol, glycérol, matières grasses protégées, concentrés adaptés.
  • Surveillance : acétonémie, perte d’état corporel.

Milieu de lactation (100-200 jours)

  • Production stabilisée, ingestion maximale.
  • Objectif : maintenir la persistance de lactation.
  • Ration équilibrée énergie/protéines/fibres, sans excès de concentrés.

Fin de lactation (>200 jours)

  • Production baisse, ingestion reste bonne.
  • Objectif : restaurer l’état corporel, préparer la reproduction.
  • Ration plus fibreuse, moins concentrée.

Période sèche (60 jours avant vêlage)

  • Objectif : préparer le vêlage et le démarrage de la lactation suivante.
  • Limiter énergie pour éviter les vaches grasses.
  • Apporter minéraux spécifiques (Ca, P, Mg).
  • Prévenir les fièvres de lait et les troubles métaboliques.

À retenir

  • Les besoins varient selon le stade de lactation : début = énergie, milieu = équilibre, fin = restauration de l’état corporel, période sèche = préparation du vêlage.
  • En début de lactation, l’ingestion limitée expose au déficit énergétique → importance du propylène glycol, glycérol, matières grasses protégées.
  • Adapter la ration évite les erreurs courantes : excès de concentrés (acidose), fibres insuffisantes (baisse d’ingestion), protéines trop dégradables (urée élevée, fertilité réduite).
  • Une ration mal adaptée au stade physiologique entraîne perte d’état corporel et difficultés de reproduction.

La complémentation individuelle : ajuster la ration à chaque vache

En élevage bovin, la ration de base est conçue pour couvrir les besoins moyens du troupeau. Toutefois, chaque vache a des exigences particulières selon son niveau de production et son stade de lactation. Pour optimiser la valeur énergétique et protéique de l’alimentation, la complémentation individuelle permet d’équilibrer la ration et d’améliorer à la fois la santé animale, la production et la rentabilité de l’exploitation.

Mode de distributionPrincipeAvantagesLimites / Vigilance
À l’augeDistribution manuelle ou automatique d’un aliment complémentaireSimple à mettre en œuvrePeu de différenciation entre vaches
Au DAC (Distributeur Automatique de Concentrés)Distribution individualisée selon la productionPermet un rationnement précis et ajusté à chaque vache  Adapté aux élevages en logettesNécessite un bon paramétrage pour éviter acidose et gaspillage
Au robot de traiteDistribution des concentrés pendant la traiteMotive les vaches à fréquenter le robot  Individualisation optimale selon production et lactationNe pas dépasser 4 à 6 kg/vache/jour pour garder l’équilibre de la ration globale

En pratique, la ration de base doit couvrir environ 80 % des besoins moyens du troupeau. Les 20 % restants sont ajustés par la complémentation afin d’optimiser les apports en énergie et en protéines selon les besoins réels de chaque animal. Ce mode de rationnement individualisé permet de sécuriser la production, de préserver la santé animale et d’améliorer la rentabilité de l’élevage bovin.

À retenir

  • Une ration n’est pas qu’une quantité d’aliment : c’est un équilibre entre énergie, protéines, fibres et minéraux.
  • Elle doit nourrir à la fois la vache et sa flore ruminale.
  • Une ration bien calculée sécurise la production laitière, soutient la santé du troupeau et assure la rentabilité de l’élevage.
  • Les clés de réussite : analyser ses fourrages, observer ses animaux et ajuster par complémentation individuelle.

Les questions que l'on se pose sur la ration des vaches laitières

Quel est le coût alimentaire des rations pour vaches laitières ?

Comment évaluer la qualité de la ration d'une vache laitière ?

Quelle est la ration de pâturage pour une vache laitière ?

Quel rôle jouent les additifs (levures, matières grasses protégées, tampons) ? Sont-ils toujours nécessaires ?


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