Les Défis de la Mise à l’Herbe : Une Bonne Gestion Pour Optimiser la Rentabilité

La mise à l’herbe représente une étape clé pour les éleveurs, car elle permet de nourrir les animaux de manière plus économique, grâce à la disponibilité de l'herbe en pâturage. Cependant, cette période n'est pas sans défis. Si elle n'est pas correctement préparée, elle peut avoir des conséquences sur la santé et la productivité du troupeau.

Les Risques d’une Mise à l’Herbe Mal Gérée

L'herbe est une ressource de qualité, riche en nutriments essentiels comme les sucres, les protéines solubles, et des vitamines. Toutefois, sa richesse nutritionnelle varie considérablement en fonction de plusieurs facteurs : la variété des plantes, le stade végétatif de la pâture, et les conditions de fertilisation. Ces variations rendent l'équilibre alimentaire difficile à établir sans une bonne gestion. Voici les principaux risques liés à une mise à l’herbe mal maîtrisée :

Problèmes digestifs

L'herbe est souvent riche en eau et pauvre en fibres, surtout en début de saison. Cela peut entraîner un transit trop rapide dans le rumen, ce qui peut provoquer des bouses molles et perturber le fonctionnement digestif de l’animal. Un excès d'humidité dans la ration réduit l'efficacité de la digestion et diminue la valorisation de la pâture. Les jeunes animaux ou les animaux déjà fragiles peuvent être particulièrement sensibles à ces déséquilibres digestifs.

Diminution des performances reproductives

Une autre conséquence souvent négligée est l'impact de l'excès d’azote soluble dans la ration des animaux. Lorsqu’il y a trop d'azote dans l'herbe, les rejets urinaires augmentent et l’azote non absorbé peut perturber la reproduction. Cela peut se traduire par une baisse des taux de réussite à l’insémination artificielle (jusqu’à -40 %) et des mortalités embryonnaires élevées. Une mauvaise gestion de cette richesse en azote peut aussi entraîner un excès de protéines dégradables, avec des risques de troubles métaboliques.

Fatigue hépatique et risques de mammites

L'herbe peut contenir une quantité élevée de protéines qui, en excès, surcharge le foie. Une gestion mal adaptée peut entraîner une fatigue hépatique, réduisant les capacités métaboliques des animaux. Le foie étant très sollicité, cela peut également favoriser des risques de mammites, qui affectent la santé des mamelles et la production laitière. La gestion des protéines est donc cruciale pour éviter ces troubles.

Risque de tétanie d'herbage

Une autre conséquence d'une gestion négligée est le risque de tétanie d'herbage, souvent lié à un excès de potassium dans l’herbe. Le potassium interagit avec le magnésium, inhibant son absorption par l’animal. Une carence en magnésium peut entraîner des crises de tétanie, particulièrement à la sortie de l’hiver, lorsque les animaux sont plus vulnérables.

Comment Bien Gérer la Mise à l’Herbe ?

Pour tirer pleinement parti des avantages de l’herbe et éviter ces risques, il est essentiel de mettre en place une gestion soignée de la transition alimentaire. Voici quelques conseils pour une mise à l’herbe réussie :

Estimation de la qualité et de la quantité de la pâture

Avant d’introduire les animaux, il est crucial de bien évaluer la qualité de l'herbe disponible. Cela permet d'ajuster la ration des animaux pour éviter un excès d’azote ou un manque de fibres. Une bonne estimation de la quantité de fourrage permet également d’éviter les risques de sous-alimentation ou de surpâturage.

Préparer une transition alimentaire

Passer du fourrage stocké à l’herbe fraîche demande une transition progressive. Il est important d’adapter petit à petit la ration des animaux pour éviter les troubles digestifs liés à la richesse en sucres et en protéines solubles de l’herbe. Des compléments minéraux spécifiques, tels que le magnésium, peuvent être apportés pour limiter les risques de carences.

Complémentation nutritionnelle

La complémentation minérale et en oligo-éléments est souvent nécessaire pour compenser les déséquilibres de la pâture. Il peut être nécessaire d'ajouter des produits pour :

• Réguler l’azote soluble : Des argiles spécifiques ou des levures vivantes peuvent aider à capturer l’ammoniac et ralentir la dégradation des protéines dans le rumen.
• Limiter le transit trop rapide : L’utilisation d’argiles asséchantes comme la Sépiolite ou la Smectite peut aider à ralentir le transit et stabiliser la digestion.
• Sécuriser l’absorption du magnésium : L’ajout de sources de magnésium adaptées peut réduire les risques de tétanie d’herbage et renforcer la minéralisation des animaux.

Conclusion

La mise à l’herbe est une opportunité majeure pour les éleveurs, mais elle nécessite une préparation et une gestion minutieuses pour éviter les désagréments. En ajustant la ration, en utilisant des compléments nutritionnels adaptés et en anticipant les risques, il est possible d’optimiser cette période pour garantir la santé et la productivité du troupeau. N’attendez pas que les problèmes surviennent pour agir, une gestion proactive de la mise à l’herbe est la clé pour en maximiser les bienfaits.