Mai 2025 : Un mois chaud et sec qui inquiète sérieusement les agriculteurs

  • Mis à jour : 07 Mai 2025   |   Publié : 06 Mai 2025
  • Temps de lecture : 2 minutes
Mai 2025 : Un mois chaud et sec qui inquiète sérieusement les agriculteurs

Les premiers jours de mai 2025 confirment une tendance météorologique désormais bien installée : des températures largement au-dessus des normales, des précipitations en chute libre, et un ensoleillement record. Pour les professionnels du monde agricole, cette combinaison de facteurs fait craindre une campagne difficile, marquée par des stress hydriques précoces et une pression accrue sur les cultures et les élevages.

Des conditions climatiques hors normes

D’après les analyses de Météo-France, relayées par Terre-net, le mois de mai enregistre une anomalie thermique de +1,3°C en moyenne sur le territoire. Cette chaleur inhabituelle s’inscrit dans un régime de hautes pressions persistantes, centrées entre le Maroc et le sud de la France, qui empêchent les perturbations océaniques de circuler.

Résultat : le déficit pluviométrique est marqué dans de nombreuses régions, en particulier dans le Sud-Ouest, la vallée du Rhône, le Centre et une partie de la Bourgogne. Certains départements n’ont reçu que 5 à 10 mm de pluie depuis début avril, un niveau extrêmement bas pour une période clé du développement végétatif.

Parallèlement, l’ensoleillement dépasse de 20 à 40 % la moyenne saisonnière, avec des pics proches des records dans certaines zones. Si la lumière est bénéfique pour la photosynthèse, elle peut devenir un problème lorsqu’elle s’accompagne de chaleur et de sécheresse.

Un impact direct sur les cultures

Des cultures d’été en difficulté dès l’implantation

Les semis de maïs, de tournesol et de soja sont parfois retardés, voire remis en question, faute d’humidité suffisante dans les sols. Dans les zones les plus touchées, les graines lèvent mal ou de manière hétérogène, compromettant d’emblée le potentiel de rendement.

Même les cultures implantées plus tôt, comme les céréales à paille (blé, orge, triticale) ou le colza, entrent en phase de remplissage des grains dans des conditions de stress hydrique. La plante raccourcit alors ses cycles, limitant la taille des grains et impactant la qualité.

L'irrigation sous tension

Face à ce manque d’eau, l’irrigation devient une nécessité absolue pour de nombreuses exploitations. Mais toutes ne sont pas équipées ou autorisées à pomper, en raison des quotas ou du niveau des réserves. La situation relance les débats sur la gestion de l’eau, notamment autour des mégabassines et du stockage hivernal.

Certains agriculteurs doivent déjà arbitrer entre les cultures à irriguer en priorité : maïs fourrager pour le bétail, ou cultures de vente à plus forte valeur ajoutée.

L’élevage en première ligne

Le secteur de l’élevage subit aussi les effets de la météo. Les prairies naturelles ou temporaires, qui devraient fournir une herbe abondante, ne repoussent pas. Dans plusieurs régions (Massif central, Pyrénées, est de la France), les éleveurs ont déjà commencé à entamer leurs stocks de foin pour nourrir les troupeaux, alors que la saison estivale ne fait que commencer.

Cette situation met en péril l’autonomie fourragère des exploitations et pose la question du coût d’achat de fourrages extérieurs, dans un contexte où les prix sont déjà sous pression.

Des interventions techniques perturbées

Le stress thermique a aussi des répercussions sur les pratiques agricoles. Les fenêtres météo compatibles avec les traitements phytosanitaires ou les désherbages sont réduites, soit par excès de chaleur, soit par des sols trop durs.

Conséquence : certaines interventions sont reportées, réduites, voire annulées, avec un risque accru de maladies ou d’adventices difficiles à maîtriser.

Et les perspectives ?

Les modèles saisonniers pour le mois de juin annoncent une possible poursuite des conditions sèches et chaudes. Ce scénario rappelle l’été 2022, avec les mêmes risques de pertes de rendement, d’augmentation des charges et de fragilisation des exploitations.

Cette météo de mai 2025 s’ajoute à une série de phénomènes extrêmes subis ces dernières années : gels, sécheresses, canicules, orages violents. Elle souligne la nécessité de repenser les modèles de production agricole pour mieux anticiper et amortir ces aléas climatiques.

En résumé

Élément Tendance observée Conséquences agricoles
Températures +1,3°C par rapport à la normale Accélération des cycles, stress thermique
Pluviométrie Très faible, <10 mm dans certaines zones Mauvaises levées, irrigation nécessaire
Ensoleillement Excédent de +20 à +40 % Évaporation accrue, déficit hydrique

Et maintenant ?

Les semaines à venir seront décisives pour de nombreuses exploitations. En attendant, la météo de ce printemps rappelle à quel point l’agriculture française est exposée au climat et combien elle a besoin d’outils d’adaptation : investissements dans la gestion de l’eau, sélection variétale, diversification des cultures, mais aussi accompagnement public sur les plans technique, réglementaire et assurantiel.


  • Cyril Combes Cyril Combes, Rédacteur chez Agryco
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