
Le Sénat français a entamé mardi l'examen du projet de loi d'orientation agricole, marqué par des débats intenses autour de la notion de souveraineté alimentaire. Après de longues discussions, parfois houleuses, les sénateurs ont franchi une étape importante en adoptant l'article premier du texte, qui définit les grandes orientations de la politique agricole française.
L'un des points saillants de ces délibérations a été l'élévation de la souveraineté alimentaire au rang "d'intérêt fondamental de la Nation". Cette proposition, émanant de la majorité sénatoriale de droite et du centre, souligne l'importance stratégique accordée à l'agriculture, à la pêche et à l'aquaculture dans l'assurance de l'autonomie alimentaire du pays.
Les sénateurs ont également introduit un "principe de non-régression" de cette souveraineté alimentaire, inspiré du code de l'environnement. Cette décision a suscité des débats animés, notamment sur sa portée juridique et ses implications pratiques. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a exprimé des réserves quant à la précision juridique de cette notion, craignant une possible fragilisation du texte de loi.
Les discussions ont été marquées par des manœuvres législatives visant à sécuriser les apports de la commission face à une éventuelle censure du Conseil constitutionnel. Ces ajustements ont provoqué des tensions, particulièrement avec les élus de gauche, qui ont critiqué le manque de clarté du processus.
Parmi les autres mesures adoptées figurent les "conférences de la souveraineté alimentaire", proposées par la ministre. À partir de 2026, chaque filière agricole aura la possibilité de définir ses propres objectifs de production sur une décennie, avec une possibilité d'ajustement par le gouvernement à mi-parcours.
Ces débats au Sénat reflètent les enjeux complexes auxquels fait face le secteur agricole français, entre impératifs de production, souveraineté alimentaire et préoccupations environnementales. L'examen du projet de loi se poursuit, promettant d'autres discussions animées sur l'avenir de l'agriculture française.