
L’excédent commercial agroalimentaire a longtemps été un pilier de la balance commerciale française. En 2025, il s’effondre à un niveau inédit. Voici une synthèse claire : définition, chiffres, causes, impacts et pistes d’action.
Qu’est-ce que l’excédent commercial agroalimentaire ?
L’excédent commercial agroalimentaire mesure la différence entre les exportations françaises de produits agricoles et agroalimentaires (céréales, lait, viande, vins, fromages, produits transformés, etc.) et les importations de produits similaires venant de l’étranger.
- Lorsque les exportations sont supérieures aux importations, la France enregistre un excédent (positif).
- Lorsque les importations dépassent les exportations, on parle de déficit (négatif).
Historiquement, la France bénéficiait d’un important excédent grâce aux céréales, aux vins et aux produits laitiers, ce qui en faisait un pilier de la balance commerciale nationale.
Une situation critique en 2025
Les données récentes montrent un effondrement inédit de cet excédent. Les chiffres disponibles mettent en évidence une chute brutale par rapport aux années précédentes :
- Sur les 7 premiers mois de l’année, l’excédent agroalimentaire n’est que de 361 millions d’euros, contre plus de 4,6 milliards en moyenne sur la même période auparavant.
- Selon les Chambres d’agriculture, le solde pourrait tomber à +1,2 milliard d’euros sur l’année 2025, soit une baisse de 82 % par rapport à 2024.
- Certains observateurs craignent même un basculement en déficit, ce qui serait une première depuis plusieurs décennies.
Les causes de cette dégradation
Plusieurs facteurs expliquent cette dégradation rapide, mêlant conjoncture économique, contraintes structurelles et aléas climatiques :
- Céréales en crise : recul des volumes exportés, chute des prix mondiaux du blé, mauvaise campagne 2024-2025.
- Hausse des importations : forte progression des achats étrangers de produits laitiers, de fruits et légumes, de produits transformés.
- Perte de compétitivité : coûts de production élevés, contraintes réglementaires, charges logistiques, normes strictes.
- Taux de change : l’euro fort rend les produits français plus chers à l’export.
- Aléas climatiques : sécheresses et conditions météo défavorables ont réduit la production agricole exportable.
Conséquences pour les agriculteurs français
Cette situation n’est pas qu’un problème macro-économique : elle a des impacts directs sur le terrain. Les principaux risques pour les exploitants sont les suivants :
- Pression sur les prix agricoles : les industriels et transformateurs achètent moins cher pour rester compétitifs.
- Perte de débouchés à l’export : certaines filières (blé, lait, viande) risquent de voir leurs marchés se réduire.
- Risque d’autonomie alimentaire fragilisée : davantage de produits importés dans les rayons français.
- Tensions politiques et sociales : les organisations agricoles réclament un soutien accru et une révision des politiques commerciales.
Les pistes de réponse évoquées
Face à cet effondrement, plusieurs solutions sont discutées par les acteurs agricoles, les industriels et les institutions. Elles concernent à la fois la compétitivité, l’innovation et les politiques publiques :
- Valoriser davantage les labels de qualité (AOP, IGP, bio, “origine France”).
- Mutualiser et moderniser les outils des coopératives et industries.
- Alléger les charges et simplifier la réglementation.
- Soutenir l’innovation et la diversification (produits transformés, circuits courts).
- Développer une diplomatie commerciale offensive pour rééquilibrer les échanges.
En résumé
L’excédent commercial agroalimentaire, longtemps fleuron de l’économie française, traverse en 2025 une crise historique. Son affaiblissement traduit les difficultés structurelles de compétitivité, la dépendance accrue aux importations et les impacts du climat. Les agriculteurs français sont directement concernés par cette évolution, car elle influence à la fois leurs revenus, leurs débouchés et l’avenir de l’autonomie alimentaire du pays.