Tout savoir sur la Fusariose : caractéristiques, symptômes et traitements

  • Mis à jour : 29 Octobre 3600   |   Publié : 14 Juin 2024
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  • Temps de lecture : 5 minutes
Tout savoir sur la Fusariose : caractéristiques, symptômes et traitements

Ce qu'il faut retenir :

  • La fusariose est une maladie cryptogamique touchant de nombreuses cultures (blé, maïs, tomate, etc.), avec des impacts importants sur le rendement et la qualité des récoltes.
  • Les conditions humides et chaudes autour de la floraison sont particulièrement favorables à son développement.
  • La prévention agronomique (rotation, choix variétal, travail du sol, désherbage, densité de semis) est le levier le plus efficace pour limiter les risques.
  • Les traitements fongicides ou biologiques doivent être positionnés en prévention au bon stade pour réduire l’impact sur la récolte et la présence de mycotoxines.

La fusariose est une maladie cryptogamique (comme le mildiou et l'oïdium) que l’on retrouve sur plusieurs cultures, et notamment sur le blé. Les dégâts causés sont importants, à la fois sur les rendements et sur la qualité de la récolte. Dans ce guide, on vous explique tout ce que vous devez savoir sur la fusariose, et comment protéger votre récolte contre les attaques de ce pathogène.

Qu’est-ce que la Fusariose ?

La fusariose, aussi appelée flétrissure fusarienne, est une maladie cryptogamique causée par plusieurs espèces de champignons du genre Fusarium ou Microdochium. Cette infection peut toucher de nombreuses cultures, notamment les céréales comme le blé, l’orge ou le maïs, où elle se manifeste souvent par une fusariose de l’épi. Cette forme entraîne une décoloration, une malformation des grains, voire une perte partielle de rendement. D'autres cultures, comme la tomate, le pois, la pomme de terre, ou le melon, peuvent également être atteintes. Une détection précoce est cruciale pour limiter les dégâts, car les symptômes peuvent parfois être confondus avec d'autres maladies. En l’absence de traitement, l’infection se propage par le sol et reste active d’année en année.

Bon à savoir : il est impossible de distinguer les différentes espèces de chancres fusariens à l'œil nu. Pour identifier le pathogène présent dans vos champs, une analyse microbiologique sera nécessaire.

Conditions climatiques favorables à la fusariose :

Le développement de la fusariose dépend fortement des conditions météorologiques. Comme beaucoup de maladies fongiques, elle est favorisée par une forte humidité et des températures élevées, notamment au-dessus de 25 °C. Le risque climatique est donc particulièrement élevé lorsque ces facteurs coïncident pendant des phases sensibles de la culture. La période la plus critique se situe autour de l’épiaison et surtout au début de la floraison, moment où les tissus floraux sont les plus vulnérables. Si un temps sec peut temporairement freiner le développement du champignon, plusieurs jours de pluie suffisent à créer un environnement propice à la contamination.

En résumé : 

  • Forte humidité persistante (pluies continues ou irrigation mal maîtrisée)
  • Température supérieure à 25 °C durant l’épiaison
  • Pluie ou rosées abondantes au début de la floraison
  • Sols mal drainés ou enherbement dense retenant l’humidité
  • Alternance de temps sec et humide, qui fragilise les tissus végétaux
  • Présence d’un risque climatique élevé selon les prévisions agro-météo locales

Quels sont les symptômes de la Fusariose ?

La fusariose est une maladie cryptogamique à forte nuisibilité, responsable de nombreux symptômes affectant à la fois les céréales, les plantes potagères et certaines cultures industrielles comme la pomme de terre. Elle se manifeste par des signes visibles tels que le flétrissement vasculaire, des lésions foliaires, la pourriture des racines, ou encore le jaunissement des feuilles. Sur les céréales comme le blé tendre, le blé dur, le maïs ou l’orge, elle entraîne des déformations de l’épi et une altération de la qualité du grain, notamment par la production de mycotoxines (ex : déoxynivalénol – DON), substances toxiques pour l’homme et l’animal. Le risque sanitaire s’ajoute donc à une perte de rendement souvent significative, pouvant dépasser 20 quintaux par hectare selon l’intensité de l’infection.

Tableau – Symptômes, impact et cultures concernées par la fusariose

Symptômes de la fusariose Impact sur le rendement et la qualité Cultures concernées
Flétrissement vasculaire Blocage de la sève → arrêt de la croissance Tomate, pois, haricot, melon, pomme de terre
Jaunissement des feuilles Perte de vigueur, photosynthèse réduite Plantes potagères, céréales
Lésions foliaires et tiges striées Stress physiologique, entrée pour d’autres agents pathogènes Betterave, ail, soja, fraise, melon
Pourriture des racines Affaiblissement racinaire, absorption perturbée Pomme de terre, pois, haricot
Décoloration / nécrose des épis Malformation de l’épi, stérilité partielle Blé tendre, blé dur, orge, maïs, sorgho
Déformation / rétrécissement des grains Baisse du poids spécifique, mauvaise valorisation Blé tendre, blé dur, maïs
Présence de mycotoxines (DON, T2, HT2) Inutilisabilité du grain pour la consommation / déclassement Blé tendre, blé dur, autres céréales
Perte de rendement Jusqu’à 20 q/ha voire plus selon l’intensité de l’infection Toutes cultures sensibles

Quels traitements contre la Fusariose ?

Maîtriser le risque de fusariose repose avant tout sur une bonne prévention. En effet, une fois les premiers symptômes visibles (comme le flétrissement, la décoloration ou les lésions foliaires), il est souvent trop tard pour enrayer efficacement l’infection. Pour limiter l’impact de cette maladie cryptogamique, il est essentiel d’agir en amont, en combinant des méthodes agronomiques et, si nécessaire, un traitement fongicide bien positionné.

L’objectif est clair : réduire les conditions favorables au développement du champignon, casser son cycle, et intervenir au bon moment si la pression devient trop élevée.

Traitements curatifs : fongicides et solutions naturelles

1. Traitement fongicide (chimique)

Quand ? À appliquer en prévention, au début de la floraison, dès l’apparition des premières étamines.
Produits utilisés : Triazoles (ex. prothioconazole)
Limite : Efficacité relative (≈60%) et dépendante de l'espèce de Fusarium présente.
Objectif : Réduire l’impact sur la qualité du grain (moins de mycotoxines, meilleure récolte).

2. Produit biologique (solution alternative)

Pourquoi ? Pour les filières en agriculture biologique ou à faibles intrants.
Méthodes :

  • Usage de biostimulants ou extraits végétaux (prêle, ortie)
  • Application de micro-organismes antagonistes (ex. Trichoderma, Bacillus subtilis)
  • Thé de compost oxygéné pour enrichir la flore bénéfique du sol

  • Bénéfice : Renforce la résilience naturelle de la plante et limite la propagation du champignon.

 À retenir

  • La prévention reste la stratégie la plus efficace pour maîtriser le risque de fusariose.
  • Le traitement fongicide doit être bien positionné, mais ne remplace pas les bonnes pratiques agronomiques.
  • Les produits biologiques sont une solution complémentaire ou alternative intéressante, surtout en agriculture durable.

Prévention agronomique : les leviers à mettre en place

🔄 Rotation des cultures

Pourquoi ? Le champignon responsable de la fusariose survit dans les résidus de cultures sensibles (ex : blé, maïs).
Méthode : Introduire des espèces non hôtes (colza, pois, tournesol…) dans la rotation permet de casser le cycle de la maladie.

🌾 Choix de la variété

Pourquoi ? Certaines variétés présentent une meilleure tolérance aux attaques de fusariose.
Méthode : Opter pour des variétés partiellement résistantes comme Graindor, Apache ou Fluor pour limiter la nuisibilité sans sacrifier le rendement.

🚜 Travail du sol

Pourquoi ? Les résidus végétaux contaminés favorisent la survie du champignon.
Méthode : Enfouissement, broyage ou labours permettent de réduire la source d’inoculum avant la prochaine campagne.

🌿 Désherbage ciblé

Pourquoi ? Certaines adventices, comme le vulpin, peuvent héberger la fusariose.
Méthode : Un désherbage régulier réduit les plantes hôtes et contribue à limiter la pression maladie.

📏 Espacement des semis

Pourquoi ? Des cultures trop denses créent de l’humidité et de l’ombre, deux conditions favorables à l’infection.
Méthode : Limiter la densité de semis pour améliorer l’aération et réduire le microclimat propice au pathogène.


  • Arthur Verkinderen Arthur Verkinderen, Expert Phyto et protection des plantes chez Agryco
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