
Le secteur de l'agriculture biologique en France est dans la tourmente, marqué par une chute importante des ventes et des retards dans l'attribution des aides européennes.
Selon des données publiées par l'Agence Bio, les ventes de produits bio dans les grandes et moyennes surfaces ont diminué de 8,7 % en un an. Au premier semestre 2024, la part des produits bios dans le chiffre d'affaires de la grande distribution est passée de 4,7 % à 4,4 %, reflétant une désaffection des consommateurs.
Face à cette situation, la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) et la Confédération paysanne ont pressé le gouvernement de débloquer des mesures d’urgence. La Fnab demande, entre autres, le versement anticipé des aides européennes à la conversion vers l’agriculture biologique, prévu pour mi-octobre, afin de soulager la trésorerie des agriculteurs déjà en difficulté.
La Commission européenne a réagi mi-septembre aux difficultés rencontrées par les agriculteurs en augmentant les avances des aides PAC, permettant aux exploitants de percevoir jusqu’à 70 % des aides directes (au lieu de 50 %) et 85 % pour les interventions liées au développement rural, au lieu des 75 % habituels. Malgré cette flexibilité, la France n’a pas encore mis en œuvre cette mesure pour les agriculteurs en conversion bio, retardant ainsi leur accès à des fonds vitaux.
Le président de la Fnab, Philippe Camburet, a averti que 2 % des surfaces agricoles bio avaient été perdues en 2023, et que cette tendance pourrait continuer si aucun soutien structurel n’est mis en place. Il souligne également que les enveloppes financières dédiées à la conversion n’ont pas été réorientées pour stabiliser les fermes déjà en agriculture biologique, qui subissent la double peine des investissements non rentabilisés et des retards de paiement.
Actuellement, la consommation de produits bio représente 6 % des dépenses alimentaires des ménages français, et la restauration collective affiche le même chiffre, avec seulement 6 % de ses approvisionnements issus de l'agriculture biologique. La France compte environ 10,4 % de surfaces agricoles en bio en 2023, alors que l'objectif européen est de 25 % d'ici 2030, un objectif que la Cour des comptes européenne a récemment jugé hors d'atteinte.