La « vision » de Macron pour l'agriculture, ce n’est pas pour tout de suite

  • Mis à jour : 25 Septembre 2025   |   Publié : 03 Mai 2024
  • Temps de lecture : 1 minutes
La « vision » de Macron pour l'agriculture, ce n’est pas pour tout de suite

Pas encore de décision claire

Emmanuel Macron a déclaré jeudi aux syndicats qu'il ne croyait pas à une fin de crise rapide et préférerait attendre le scrutin des prochaines élections professionnelles de 2025 pour partager son "projet d'avenir" pour le secteur agricole.

Le Président de la République a regroupé dans la matinée une trentaine de représentants du monde agricole (syndicats, interprofessions, coopératives) ainsi que le Premier ministre Gabriel Attal et plusieurs de ses ministres.

Cet échange a duré plus de deux heures et était destiné à évoquer les "perspectives" du secteur selon l'Elysée, qui espérait "acter la fin" de la crise hivernale.

Si les syndicats ont pu s'exprimer, il semble qu’ils ne considèrent pas avoir été entendus. Les syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) ne sont "ni déçus, ni satisfaits", tandis que la Coordination rurale (CR) et la Confédération paysanne, respectivement deuxième et troisième syndicats, étaient plutôt "déçus".

L’écoute a été privilégiée

Le président était "dans une phase d'écoute" et "pas dans une logique de discours", a précisé le cabinet du ministre de l'Agriculture à l'AFP.

Emmanuel Macron "nous a dit qu'il ne croyait pas à la fin des mouvements tant les causes étaient protéiformes", qu'il voulait "construire un projet d'avenir" et qu'il n'avait "pas l'intention de courir derrière la colère", a déclaré Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, lors d'une conférence de presse.

L'alliance majoritaire FNSEA-JA attend depuis des mois la "vision" du chef de l’Etat sur l'avenir de l'agriculture française - une prise de parole devant faire écho à son discours de Rungis de 2017, qui fait encore figure d'épouvantail pour une grande partie du monde agricole.

Emmanuel Macron nouvellement élu avait alors secoué les filières en prônant une production alimentaire plus qualitative, plus durable, et théoriquement plus rémunératrice pour les agriculteurs. Une stratégie percutée par l'inflation et la résistance du secteur.

"Obligés de rester mobilisés"

Pour présenter sa nouvelle vision, le président est désormais prêt à "attendre après les élections aux chambres d'agriculture", prévues en janvier 2025, car selon lui, la concurrence entre syndicats peut être "un facteur d'interférence".

Le chef de l'Etat prévoit un discours "à compter de la rentrée 2024" pour détailler "une stratégie commune pour l'agriculture", à condition qu'elle soit soutenue par "tout le monde".

Dans la soirée, Emmanuel Macron s'est rapidement exprimé sur la plateforme X (anciennement Twitter). "Bâtir une vision d'avenir pour notre agriculture, nous le faisons avec l’ensemble du monde agricole et le gouvernement. Elle repose sur 4 piliers : produire davantage, s'adapter aux transformations, protéger de la concurrence déloyale, assurer le renouvellement des générations", a-t-il écrit.

"On est obligé de continuer à rester mobilisés sur le terrain. On attend toujours de l'argent pour nos trésoreries", a déclaré Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, "franchement déçue" de n'avoir pas entendu le président sur "un plan d'avenir".

De son côté, la Confédération paysanne a regretté que le président ait "conditionné la tenue d'un grand discours de perspectives pour l'agriculture cet automne à la fin des mobilisations de terrain", tout en ajoutant : "nous n'avons pas besoin de grands discours: nous avons besoin d'actes concrets".

Se disant "inquiets" après ce rendez-vous, ses militants ont rappelé dans un communiqué leurs priorités : des "revenus protégés" pour les agriculteurs, un "véritable accompagnement à la transition agroécologique" et une "vraie politique pour le renouvellement des générations en agriculture".

Pas encore de changements significatifs

Sur le fond, cette première grande échéance du président avec le secteur depuis l'inauguration, sous les huées, du dernier Salon International de l'agriculture, n'a rien acté de neuf.

Alors qu'Arnaud Rousseau répétait encore jeudi matin que le président était le seul détenteur de "la clé de la fin de ce conflit", ce dernier a choisi d'attendre, attentif au feu couvant encore sous la braise en dépit des aides annoncées.

La crise de mi-janvier survenue en Haute-Garonne avait poussé le gouvernement à prendre un total de 70 engagements (fonds d'urgence, simplifications, "pause" dans l'élaboration du plan de réduction de l'usage des pesticides, allègement de charges sur l'emploi de travailleurs saisonniers...).

Au total, c’est plus d'un milliard d'euros de mesures qui a été adopté, allant des aides d'urgences aux prêts garantis, selon les données du ministère de l'Agriculture.


  • Cyril Combes Cyril Combes, Rédacteur chez Agryco
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