Lors du Sommet de l'élevage à Cournon-d'Auvergne, la nouvelle ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a annoncé une mesure attendue par les éleveurs : la vaccination gratuite contre la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 3 sera désormais accessible dans toute la France. Face à la propagation rapide de cette maladie virale transmise par des moucherons, l’État prend des mesures exceptionnelles pour protéger la filière ovine et limiter les dégâts causés par l'épizootie.
Une réponse nationale face à l’urgence
Initialement, la campagne de vaccination contre la FCO de sérotype 3 avait été lancée de manière volontaire le 12 août, ciblant les éleveurs des régions du nord, notamment des Hauts-de-France à la Bourgogne-Franche-Comté. Les doses de vaccin étaient fournies gratuitement aux éleveurs touchés par les premiers foyers de l’épizootie.
"Nous devons à tout prix stopper l'extension des foyers et de leur impact", a déclaré Annie Genevard. En réponse à l'urgence, l'État a décidé de rendre la vaccination gratuite dans l'ensemble du territoire. "Nous avons le stock de vaccins nécessaire", a précisé la ministre, tout en insistant sur la nécessité de soutenir rapidement les éleveurs dont les troupeaux ont déjà été affectés.
Un fonds d'urgence pour indemniser les éleveurs victimes de cette crise a également été évoqué, bien que le montant n'ait pas encore été précisé. Le Premier ministre Michel Barnier, attendu à Cournon-d'Auvergne vendredi, devrait révéler les détails de cette enveloppe financière.
La reconnaissance du métier d'éleveur
Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, a accueilli cette nouvelle avec soulagement. "Nous attendions ce signal fort", a-t-elle déclaré, y voyant une reconnaissance du rôle des éleveurs et une lueur d'espoir face à une crise sanitaire sans précédent. Les éleveurs sont confrontés à une double menace : la fièvre catarrhale avec deux sérotypes différents, une situation inédite.
Mme Boudoin a également plaidé pour une réponse collective à l’échelle européenne, soulignant que les agriculteurs sont souvent les premières victimes des dérèglements climatiques. En effet, la propagation rapide de la FCO, exacerbée par des conditions météorologiques favorables, met en lumière les vulnérabilités des élevages face aux aléas climatiques et sanitaires.
Des foyers toujours en hausse
Depuis la détection du premier foyer début août dans le nord de la France, la fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 a infecté 3.743 élevages à la fin septembre. Le nombre de foyers continue d’augmenter, notamment dans les pays voisins comme l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, où la maladie se propage à une vitesse alarmante.
Face à cette situation, le gouvernement avait déjà commandé 6,4 millions de doses de vaccin en juillet, suivies de 5,3 millions supplémentaires en août pour répondre à la demande croissante des éleveurs. Ce geste témoigne de la volonté de l'État de ne pas laisser la filière ovine sombrer sous le poids de cette crise.
Une pause sur les normes agricoles
En marge de ces annonces, Michel Barnier a également promis "une pause sur les normes" qui pèsent sur les agriculteurs, dans le but de les soutenir davantage face à la crise. "Il est temps de faire une pause un peu sur tout ce qui pèse sur les épaules des agriculteurs", a salué Michèle Boudoin. Selon elle, aucune autre catégorie professionnelle ne subit une telle pression réglementaire, combinée aux aléas climatiques et sanitaires.
L’annonce de la vaccination gratuite à l’échelle nationale est un véritable soulagement pour les éleveurs, mais beaucoup reste à faire pour enrayer l’épidémie et éviter que de nouveaux foyers n’émergent. Les mois à venir seront déterminants pour évaluer l’efficacité des mesures prises et l'impact réel sur la filière ovine.