Les cours mondiaux des céréales ont connu une nouvelle semaine mouvementée, marquée par des fluctuations significatives et une tendance baissière en fin de période. Plusieurs facteurs ont contribué à cette volatilité, alliant déclarations politiques surprenantes et conditions de marché stables.
Baisse des prix sur le marché européen
Sur Euronext, le blé meunier a clôturé mercredi autour de 215 euros la tonne, en recul de 5 euros par rapport à la semaine précédente. Le maïs a suivi la même tendance, s'échangeant à 206,5 euros la tonne, soit une baisse de près de 6 euros en sept jours.
Damien Vercambre, analyste chez Inter-Courtage, explique ce repli par l'apaisement des craintes concernant l'approvisionnement en mer Noire, malgré les tensions russo-ukrainiennes persistantes. La perspective d'une désescalade au Proche-Orient a également contribué à cette détente des prix.
Concurrence internationale et demande émergente
Gautier Le Molgat, PDG d'Argus Media France, souligne que le blé européen reste confronté à une "concurrence toujours sévère avec les blés russes". Cette situation limite la hausse des prix européens, alors que la demande internationale montre des signes de reprise. Des appels d'offres récents lancés par l'Algérie, la Tunisie et la Jordanie, totalisant plus de 300 000 tonnes de blé, illustrent ce regain d'intérêt.
L'effet Trump sur les marchés américains
À Chicago, les déclarations du président élu Donald Trump ont secoué le marché. Sa promesse d'imposer des droits de douane de 25% sur les produits canadiens et mexicains entrant aux États-Unis, ainsi qu'une augmentation des taxes sur les produits chinois, a provoqué des réactions contrastées. Si les cours du blé ont grimpé en anticipation d'une réduction des importations canadiennes, le maïs a subi une baisse notable, le Mexique étant le premier client des États-Unis pour cette céréale.
Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale, souligne l'importance du marché mexicain : "Le Mexique est notre premier client et ses achats augmentent actuellement d'environ 12% par rapport à l'année dernière." Toute forme de représailles de Mexico pourrait donc ébranler sérieusement la filière américaine du maïs.
Prudence et attentisme des opérateurs
Les acteurs du marché restent néanmoins prudents. Dax Wedemeyer, de US Commodities, rappelle qu'à 50 jours de la mise en place de la nouvelle administration, il est encore tôt pour évaluer l'impact réel de ces annonces.
Chute des oléagineux et perspectives météorologiques
Les oléagineux ont connu une baisse marquée, avec le colza passant de 550 à moins de 500 euros la tonne sur Euronext. Cette chute s'explique par de bonnes perspectives de production en Malaisie et la prudence des acheteurs face à des prix jugés trop élevés.
Par ailleurs, la stabilité météorologique en Amérique latine, promettant une excellente récolte brésilienne, contribue à maintenir une pression à la baisse sur les cours des céréales.
Dans ce contexte instable, les opérateurs restent attentifs aux développements politiques et économiques qui pourraient influencer davantage les marchés agricoles dans les semaines à venir.