On parle beaucoup de la difficulté à trouver de la main-d’œuvre dans les fermes, un peu moins de la tension qui existe dans l’aval : les entreprises agroalimentaires. Pourtant, ce sont elles qui transforment, valorisent et commercialisent la production agricole. Sans laiterie, sans conserverie, sans atelier de découpe, la filière se grippe. C’est pour rendre visible ces besoins que France Travail, OCAPIAT et les branches organisent, du 3 au 7 novembre, la Semaine nationale de l’emploi agroalimentaire. Pendant cinq jours, les sites ouvrent leurs portes, les agences organisent des job datings et les entreprises expliquent leurs métiers. C’est une info très utile à relayer dans les territoires ruraux ou péri-ruraux, là où les IAA peinent à recruter alors qu’elles proposent souvent des CDI et de vraies perspectives d’évolution.
Pourquoi une semaine dédiée ?
L’agroalimentaire est le premier employeur industriel de France, mais il souffre d’un déficit d’attractivité : image d’usine froide, horaires perçus comme difficiles, métiers mal connus. Dans le même temps, les entreprises ont des besoins constants, notamment dans les ateliers de production. La semaine nationale sert donc à remettre de la réalité dans le débat : montrer des ateliers propres, des lignes automatisées, des organisations d’équipe, et rappeler qu’on peut entrer sur un poste d’opérateur et évoluer ensuite vers la conduite de ligne ou le management.
C’est aussi un moyen de concentrer la communication : plutôt que chaque entreprise fasse sa petite opération isolée, tout le monde parle en même temps, sous un label national. Cela donne plus de visibilité aux offres locales, notamment dans les zones rurales où l’on ne sait pas toujours qu’il existe une laiterie, une charcuterie industrielle ou une légumerie qui recrute.
Qui organise et pour qui ?
Le pilotage national est assuré par France Travail, qui centralise les événements et les met à disposition du public. OCAPIAT, l’OPCO de l’agriculture et de l’agroalimentaire, apporte la brique “métiers, compétences, formations” et mobilise les branches. Les entreprises agroalimentaires jouent le jeu en ouvrant leurs ateliers, en envoyant leurs RH dans les agences pour des entretiens rapides, ou en proposant des présentations métiers.
Le public visé est volontairement large :
- demandeurs d’emploi qui ne connaissent pas l’agro ;
- jeunes en fin de formation agricole ou alimentaire ;
- personnes déjà en emploi mais qui veulent se rapprocher de chez elles ;
- publics ruraux ou périurbains qui cherchent un emploi stable sans aller en métropole.
Pour les acteurs agricoles (chambres, coopératives, territoires), c’est donc une opération facile à relayer : elle reste dans le champ “filière alimentaire”, elle crée de l’emploi local et elle valorise l’existence d’une industrie de transformation au plus près des bassins de production.
Quels types d’événements ?
La semaine est très opérationnelle. On y trouve notamment :
- Visites d’entreprises : pour casser les idées reçues et montrer les conditions réelles de travail.
- Job datings en agence ou directement dans les entreprises : courts entretiens, parfois sans CV, pour accélérer le recrutement.
- Ateliers métiers : explication des postes de conducteur de ligne, technicien de maintenance, agent de conditionnement, contrôleur qualité.
- Temps d’info formation avec les CFA, lycées agricoles ou centres de formation locaux.
L’avantage de ce format, c’est qu’il est réutilisable localement : une collectivité, une chambre d’agriculture ou une association d’entreprises peut relayer le programme dans sa newsletter ou sur ses réseaux, en ciblant les communes où les entreprises ont le plus de mal à recruter.
Les métiers qui recrutent vraiment
On retrouve, d’une année sur l’autre, le même noyau dur de besoins :
- Conduite de ligne / opérateur de production : le cœur de l’usine. Poste accessible avec une courte formation, avec des possibilités d’évolution.
- Maintenance industrielle : un métier très recherché dans les ateliers automatisés ; souvent mieux rémunéré et avec de vraies perspectives.
- Qualité / hygiène / sécurité alimentaire : essentiel dans l’agro, avec des postes parfois plus mixtes (bureau + atelier).
- Logistique / préparation de commandes : indispensable pour livrer GMS, restauration collective ou export.
Ce sont des emplois généralement situés en zone rurale ou périurbaine, donc particulièrement intéressants pour les familles agricoles : conjoints qui veulent un poste stable, jeunes qui ne veulent pas s’éloigner, saisonniers qui cherchent à se fixer. La semaine nationale est justement là pour leur montrer que ces opportunités existent tout près.