Pyrale du maïs : quels moyens de lutte contre ce ravageur ?

  • Mis à jour : 29 Octobre 2025   |   Publié : 14 Juin 2024
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  • Temps de lecture : 5 minutes
Pyrale du maïs : quels moyens de lutte contre ce ravageur ?

Ce qu'il faut retenir :

  • La pyrale du maïs est un papillon grisâtre qui peut causer d’importants dégâts dans les cultures, et notamment sur les plants de maïs
  • Cet insecte pond ses œufs sur la face inférieure des feuilles de maïs, ainsi que dans plusieurs autres plantes hôtes
  • Une fois les œufs éclos, les larves creusent des galeries dans la tige et les feuilles, ce qui affaiblit considérablement la plante
  • En l’absence de traitement, les pertes de rendement peuvent atteindre 5 à 7% sur les cultures de maïs fourrage
  • La présence de ce ravageur favorise également l’apparition de mycotoxines qui peuvent affecter la qualité sanitaire de votre récolte
  • Les principaux leviers agronomiques pour lutter contre la pyrale sont le broyage des résidus, ainsi que la rotation des cultures
  • Il est également possible d’empêcher les infestations de pyrales du maïs à l’aide de solutions de biocontrôle, comme les trichogrammes
  • En dernier recours, vous pouvez aussi appliquer un insecticide de synthèse pour éliminer les larves de pyrale présentes dans vos parcelles

La pyrale du maïs est un ravageur qui peut se révéler (très) nuisible pour certaines cultures, notamment pour le maïs grain ou le maïs fourrage sur lesquels les conséquences peuvent être dévastatrices. Dans ce guide complet, on vous explique comment identifier cet insecte, et comment protéger vos cultures à l’aide de modes d'action biologiques ou d’insecticides.

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Qu’est-ce que la pyrale du maïs ?

La pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis) est un insecte qui appartient à l’ordre des lépidoptères. D'abord à l'état larvaire, il se développe et se transforme en papillon de couleur grise et mesure entre 20 et 30 mm de large ; les œufs, disposés par groupes de 15 à 20 individus ("ooplaque"), arrivent à maturation au bout de 5 à 15 jours. Les mâles sont plus foncés que les femelles.

Ce ravageur peut se déplacer par voie aérienne dans un rayon de 2 à 3 kilomètres. En France, il représente un danger important pour plusieurs cultures, à commencer par le maïs grain et le maïs fourrager.

Les cultures de pomme de terre, artichaut, orge, poivron, pomme, aubergine, haricots et certains blés de printemps sont également impactées par le développement de la pyrale du maïs, quoique dans une moindre mesure.

Au total, la pyrale du maïs peut se réfugier dans plus de 200 espèces de plantes hôtes, ce qui complique la lutte contre ce ravageur ainsi que les stratégies pour y parvenir.

Cycle biologique de la pyrale du maïs

La pyrale du maïs pond ses œufs par plaque de 5 à 30 œufs sous les feuilles de vos cultures, le long de la nervure centrale.

En moyenne, une femelle pond environ 200 œufs. La ponte a lieu en début d’été. Une fois les œufs éclos, les larves se déplacent vers la tige ou l’épi.

Elles creusent alors des galeries, ce qui affaiblit la plante, freine sa croissance, et la rend plus sensible aux maladies cryptogamiques (comme le mildiou et l'oïdium par exemple).

Les larves mesurent entre 3 et 20 mm de long. Elles sont d’une couleur gris jaunâtre. En fin de cycle, les larves se déplacent vers le bas de la tige des cultures.

Elles passent ensuite l’hiver en diapause, c’est-à-dire que leur développement est stoppé jusqu’au retour des beaux jours.

À partir de la mi-avril, les larves se transforment en nymphes. Une fois adultes, ces dernières s’envolent entre mi-mai et mi-juillet.

Selon les régions, le cycle biologique de la pyrale du maïs peut être :

  • Univoltin : on observe alors une seule génération par an. Ce cas est typique des régions plus fraîches avec une saison de croissance plus courte
  • Plurivoltin : on observe plusieurs générations par an. Ce cas est fréquent dans les régions plus chaudes avec une saison de croissance plus longue

Conditions favorables au développement de la pyrale du maïs

Le risque d’attaque de pyrales du maïs sur vos cultures peut varier en fonction de plusieurs facteurs, tels que la présence d’une population importante l’année précédente et l’absence de broyage des résidus végétaux.

L’apparition de la pyrale du maïs est également favorisée par certaines conditions météorologiques. Une forte hygrométrie augmente par exemple la fécondité ainsi que la durée de vie des sujets adultes. Afin de vous informer sur les prévisions météo, vous pouvez consulter notre météo agricole gratuite en temps réel.

De même, les conditions de vol de cet insecte sont idéales lorsque les températures se trouvent entre 20 et 24 °C. Les pyrales du maïs apprécient par conséquent les printemps chauds et humides.

À l’inverse, les femelles de ce papillon pondent moins d’œufs lorsque les températures sont inférieures à 15 °C.

Pour évaluer le risque que représente la pyrale du maïs à l’échelle de vos parcelles, deux principales solutions s’offrent à vous.

La première consiste à installer des pièges à phéromones pendant le printemps, afin de repérer les premiers vols de pyrales du maïs.

Autre option : vous pouvez obtenir des informations sur la présence de ce ravageur dans votre région grâce au Bulletin de Santé du Végétal (BSV).

Pyrale du maïs : quel impact sur les cultures ?

La pyrale du maïs est le principal ravageur observé sur les cultures de maïs grain ou de maïs fourrage. Les dégâts peuvent être (très) importants, puisque cet insecte entraîne une baisse du poids de mille grains (pmg).

D’après plusieurs essais menés par Arvalis, les pertes de rendement sur maïs fourrage atteignent en moyenne 5% si aucun traitement n’est réalisé. Soit environ 750 kg MS pour un maïs à 15 t MS/ha.

En cas de pression forte, la perte de rendement peut dépasser 1 t MS/ha, soit une baisse de l’ordre de 7%. Et ce n’est pas tout. Car la pyrale du maïs peut également affecter la qualité de votre récolte.

Les plaies que créent les larves sur les plantes sont en effet des portes d’entrée pour certains champignons, tels que le Fusarium section liseola, responsable de la fusariose ; or ces pathogènes sécrètent des mycotoxines.

Le risque, c’est alors que la qualité sanitaire de votre récolte se dégrade, et que vos plantes deviennent impropres à la consommation. Ce qui, là encore, représente une perte économique pour votre exploitation agricole.

Dernier danger : le phénomène de verse, qui complique la récolte et impacte lui aussi vos rendements. Car la pyrale s'attaque aux tiges de vos cultures, ce qui les fragilise durablement.

Comment lutter contre la pyrale du maïs ?

Il existe plusieurs traitements contre la pyrale du maïs. L’idéal consiste à combiner des méthodes de lutte prophylactique et des solutions de biocontrôle, comme les trichogrammes. En dernier recours, il existe également des insecticides efficaces contre ce ravageur.

Les leviers agronomiques

Les larves de la pyrale du maïs hivernent dans le bas des cannes ainsi que dans les débris de récolte. Pour limiter l’infestation, commencez donc par broyer les tiges au ras du sol. Pour plus de sécurité, vous pouvez aussi enfouir les résidus végétaux dans le sol pour diminuer les chances de survie des larves.

Autre mesure de lutte prophylactique efficace contre la pyrale du maïs : la mise en place d’une rotation culturale pour casser les cycles biologiques de ce bioagresseur. Privilégiez des plantes non-hôtes après les années de forte pression pour freiner le développement de la pyrale sur vos parcelles.

La lutte biologique

Si vous êtes en agriculture biologique, vous pouvez lutter contre la pyrale du maïs à l’aide des trichogrammes (trichogramma brassicae). Ces guêpes microscopiques mesurent moins de 1 mm. Et les femelles pondent dans les œufs de la pyrale, ce qui entraîne leur destruction.

Cette méthode de lutte biologique, basée sur le parasitisme naturel, est aujourd’hui la plus répandue en France. Au total, plus de 120 000 ha de maïs sont traités chaque année avec ce produit de biocontrôle découvert dans les années 1980.

Le plus souvent, les trichogrammes sont conditionnés dans de petites capsules en carton biodégradable. Ces enveloppes les protègent contre les prédateurs, ainsi que les intempéries. Les trichogrammes sont déployés en un seul lâcher. Il faut en moyenne 1 heure pour traiter 5 ha de maïs.

Pour une protection optimale, positionnez vos trichogrammes quand vous observez les premiers vols de pyrale du maïs. Lorsque l’application est réussie, cette méthode de lutte permet d’éliminer plus de 75% des œufs de pyrale.

Les insecticides

Dernière option : vous pouvez utiliser un insecticide de synthèse pour éliminer la pyrale du maïs lorsque ce ravageur s’attaque à vos cultures. Les insecticides ciblent essentiellement les larves de la pyrale.

Pour être efficace, le traitement doit être positionné au plus proche du pic de vol de la pyrale, avant que les larves ne se réfugient dans la tige. La fenêtre de tir est relativement courte : 1 semaine environ.

Certains traitements chimiques de la famille des pyréthrinoïdes permettent d’éliminer 70 à 80% des larves de pyrale, selon une série d’essais réalisés par Arvalis au début des années 2010.

Le problème, c’est que ces produits impactent aussi les populations d’auxiliaires, comme les abeilles, ainsi que certains ennemis naturels de la pyrale du maïs.

Autre bémol : certaines larves de pyrale développent des résistances à ces molécules, ce qui limite leur efficacité.


  • Arthur Verkinderen Arthur Verkinderen, Expert Phyto et protection des plantes chez Agryco
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