Colza : comment optimiser sa récolte ?

Ce qu’il faut retenir sur la récolte du colza :
- Le colza se récolte entre fin juin et mi-juillet, lorsque les siliques sont brun clair, les pailles sèches (< 20 % d’humidité) et les graines à 9 % d’humidité.
- Les pertes à la récolte peuvent atteindre 5 à 10 q/ha si la moisson est trop précoce, mal réglée ou en conditions humides.
- Les maladies (sclérotinia), ravageurs (charançons, cécidomyies) et conditions climatiques extrêmes peuvent impacter fortement le rendement.
- Le colza est un excellent précédent cultural, qui améliore la structure du sol et booste le rendement de la culture suivante jusqu’à +10 %.
Quand récolter le colza ? (plante)
La récolte du colza intervient à la fin de cycle végétatif, généralement entre la fin juin et la mi-juillet en France, selon les régions et les conditions climatiques. La bonne date de récolte du colza est cruciale pour limiter les pertes de graines, préserver la qualité et assurer un bon rendement.
Les critères de maturité du colza (graine)
La maturité du colza est une étape clé pour optimiser le rendement et la qualité de la récolte. La décision de moissonner doit se baser sur plusieurs éléments essentiels observables au champ.
- Siliques brunes : Les siliques doivent présenter une couleur brun clair homogène, sans présence de siliques vertes, notamment en bas des hampes, qui sont souvent les plus productives.
- Humidité des graines : Les graines doivent atteindre une humidité d’environ 9 %. Ce taux garantit une bonne conservation et une qualité optimale à la livraison.
- Pailles sèches : Les tiges et pailles doivent être bien desséchées, avec une humidité inférieure à 20 %. Des pailles trop humides peuvent entraver l’efficacité du battage et augmenter les pertes.
- Teneur en huile : La teneur en huile des graines est optimale lorsque la maturité est complète. Récolter trop tôt peut entraîner une baisse de cette teneur, affectant la qualité et la valorisation du produit.
Conditions de récolte idéales (stade)
Les meilleures conditions de récolte du colza sont :
- Temps sec et non venteux (pour éviter l’égrenage des siliques),
- Température modérée (éviter la casse mécanique),
- Humidité ambiante faible.
Une moisson en milieu de journée est souvent recommandée pour bénéficier de siliques bien desséchées et limiter la condensation.
Hauteur de coupe et réglages
La hauteur de coupe doit permettre de récolter toutes les siliques tout en laissant un maximum de chaume, utile pour la structure du sol. On vise une coupe à 40-50 cm du sol. Le battage doit être délicat pour éviter les pertes de graines (vitesse de tambour modérée, bon réglage du contre-batteur).
Notre guide technique sur la culture du colza au printemps :
Comme chaque année, nous mettons gratuitement à votre disposition l'ITK Colza, un guide complet que vous pouvez vous servir et partager entre agriculteurs pour mieux maîtriser ou anticiper le cycle du colza au printemps.

Dans cet itinéraire cultural, voici quelques exemples de ce que vous découvrirez :
- Régulation du colza
- Fertilisation
- Résistance fongique et modes d'action

Comment optimiser la récolte ? (rendement, culture)
La récolte du colza est une étape cruciale qui conditionne le rendement et la qualité de la production. Pour optimiser la récolte et minimiser les pertes, plusieurs éléments doivent être maîtrisés.
Moment optimal de récolte ? (période)
Récoltez lorsque les graines atteignent environ 9 % d'humidité. À ce stade, les siliques sont mûres, et les pailles présentent une humidité inférieure à 20 %. Récolter trop tôt peut entraîner des pertes significatives, notamment en raison de siliques non battues qui rejoignent les pailles hachées, rendant les pertes invisibles mais réelles.
⚙️ Réglage de la moissonneuse-batteuse
Un réglage précis de la moissonneuse est essentiel :
- Vitesse d'avancement : adaptée pour assurer un flux homogène de matière.
- Hauteur de coupe : réglée pour récolter toutes les siliques tout en laissant un maximum de chaume, utile pour la structure du sol.
- Vitesse du batteur : modérée pour éviter la casse des graines.
- Ventilation : ajustée pour séparer efficacement les graines des débris sans les éjecter.
Ces réglages permettent une récolte sans perte et préservent la qualité des graines.
Utilisation d'une coupe avancée ?
L'installation d'une coupe avancée sur la moissonneuse-batteuse permet de récupérer les graines éjectées vers l'avant par les doigts de la vis d'alimentation. Cette technique peut augmenter le rendement jusqu'à 3 quintaux par hectare et améliorer le débit de chantier de 30 %, notamment si la culture est versée.
Gestion de l'humidité des pailles ?
Les pailles doivent être suffisamment sèches pour faciliter le battage. Une humidité inférieure à 20 % est recommandée. Des pailles trop humides peuvent entraver le processus de battage, augmentant les pertes de graines.
Quels sont les risques de pertes ?
Voici une synthèse des principaux risques de pertes de rendement en culture de colza, en intégrant les facteurs agronomiques, sanitaires et climatiques.
Facteur de perte | Description | Pertes estimées | Stratégie de lutte |
---|---|---|---|
Humidité des pailles | Des pailles trop humides (>20 %) compliquent le battage, augmentent les pertes de graines et peuvent entraîner des pertes de rendement. | Jusqu'à 5 q/ha | Récolter à une humidité des graines autour de 9 %, ajuster les réglages de la moissonneuse, surveiller les conditions météorologiques avant la récolte. |
Maladies des siliques | Des pathogènes comme Sclerotinia sclerotiorum causent des brunissements et noircissements des siliques, perturbant le remplissage des graines. | Jusqu'à 10 q/ha | Allonger la rotation culturale, surveiller les conditions humides favorables aux pathogènes, appliquer des fongicides au stade sensible. |
Charançon de la tige | Les larves du charançon (Ceutorhynchus napi) creusent des galeries dans les tiges, provoquant des déformations et éclatements, réduisant la circulation de la sève. | Jusqu'à 5 q/ha | Surveiller les vols au stade C2, utiliser des pièges jaunes, intervenir avec des insecticides 8 jours après les premières captures si les seuils sont dépassés. |
Conditions météorologiques défavorables | Des excès d'humidité favorisent les maladies fongiques ; la sécheresse peut entraîner une mauvaise fécondation des fleurs et un remplissage incomplet des graines ; les orages et la grêle peuvent provoquer la chute prématurée des siliques. | Variables | Adapter les dates de semis, choisir des variétés tolérantes aux stress climatiques, assurer une bonne gestion du sol pour améliorer la résilience aux conditions extrêmes. |
Facteurs agronomiques limitants | Une rotation culturale inadéquate, un désherbage inefficace et une fertilisation déséquilibrée peuvent limiter le rendement du colza. | Jusqu'à 10 q/ha | Allonger la rotation pour réduire la pression des maladies et ravageurs, mettre en place une stratégie de désherbage efficace, équilibrer la fertilisation en fonction des besoins de la culture. |
Lutte contre ravageurs | Les ravageurs tels que la cécidomyie des siliques (Dasineura brassicae) provoquent l'éclatement prématuré des siliques, dispersant les graines au sol. | Jusqu'à 6 q/ha | Surveiller les populations de ravageurs, appliquer des insecticides ciblés si nécessaire, favoriser les auxiliaires naturels pour une lutte biologique intégrée. |
Que faire après la récolte ? (préparation prochain semis, date)
Après la récolte du colza, plusieurs interventions agronomiques peuvent être mises en œuvre pour valoriser les résidus, préparer le sol et optimiser la rotation culturale. Voici les principales actions à considérer :
- Gérer les repousses : Laisser les repousses de colza en place pendant environ un mois permet de piéger entre 10 et plus de 100 unités d’azote, réduisant ainsi les pertes d'azote pendant l'hiver.
- Planifier la culture suivante : Le colza est un excellent précédent pour des cultures céréalières comme le blé tendre, avec une augmentation moyenne de 10 % du rendement du blé suivant le colza.
- Implanter un engrais vert : Semer des engrais verts tels que la moutarde, la phacélie ou la vesce améliore la structure du sol, augmente la matière organique, limite le lessivage des nitrates et réduit le développement des adventices.
- Préparer le sol : Adapter la préparation du sol en fonction du type de sol et des conditions pédoclimatiques. En sols argileux, privilégier un travail superficiel pour éviter la formation de mottes. En cas de semis direct, maintenir un couvert végétal pour protéger le sol.
- Valoriser les résidus pour l'alimentation animale : Les résidus de colza, notamment les tourteaux riches en protéines, peuvent être utilisés comme fourrage pour l'alimentation animale, notamment pour les ruminants et les porcs.
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