Boutons sur bovins : attention à la dermatose nodulaire

  • Mis à jour : 15 Octobre 2025   |   Publié : 09 Juillet 2025
  • Temps de lecture : 2 minutes
Boutons sur bovins : attention à la dermatose nodulaire

Des boutons sur la peau de vos vaches ? Une fièvre inhabituelle ? Une baisse de lait ? Ces signes peuvent annoncer l’arrivée d’une maladie virale préoccupante : la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Alors que le premier foyer français a été détecté en Savoie fin juin 2025, les autorités sanitaires se mobilisent en urgence.

Une maladie en pleine expansion

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) c’est quoi ?
C’est une maladie virale due à un virus de la famille des Poxviridae du genre Capripoxvirus, véhiculée par des insectes volants. Cette maladie affecte uniquement les bovins et est non transmissible à l’homme.

Longtemps confinée à l’Afrique subsaharienne, la dermatose nodulaire contagieuse est une maladie virale proche de la variole ovine et caprine. Depuis les années 2000, elle a entamé une remontée vers le nord : d’abord au Moyen-Orient, puis en Europe de l’Est à partir de 2015 (Bulgarie, Serbie, Grèce…), avant d’atteindre le sud de l’Italie. Le 29 juin 2025, la maladie a été officiellement détectée en France, dans un élevage savoyard. L’élevage a été abattu, et une zone réglementée de 50 km a été mise en place.

Symptômes : ce que vous pouvez observer dans votre troupeau

  • Fièvre modérée, perte d’appétit, abattement,
  • Apparition de nodules cutanés : boutons ronds, fermes, parfois croûtes, sur le cou, les flancs, la tête, les trayons ou les membres,
  • Écoulements nasaux ou oculaires,
  • Boiterie, si les membres sont atteints,
  • Gonflement des ganglions lymphatiques

Ces symptômes peuvent être confondus avec d'autres maladies (gale, variole bovine, réaction allergique), mais leur association est typique de la DNC. Dans les formes graves, la maladie peut provoquer la mort d’animaux affaiblis.

Une transmission favorisée par le climat

Le virus se transmet principalement via des insectes piqueurs (mouches, moustiques, taons). Le réchauffement climatique, en favorisant la prolifération de ces vecteurs, rend la diffusion plus rapide. Le virus peut aussi circuler par contact entre bovins, ou via du matériel contaminé. Un simple transport d’animaux suffit parfois à déclencher un foyer.

Des conséquences lourdes pour les éleveurs

  • Une baisse significative des performances (lait, reproduction),
  • Des coûts vétérinaires accrus,
  • Une perte de valeur commerciale (interdictions de déplacement ou de vente),
  • Des mesures de quarantaine ou d’abattage,
  • La perte du statut “indemne” du pays, ce qui impacte les exportations bovines.

La morbidité peut monter jusqu’à 90% dans des régions où la maladie n’était pas présente. La consommation de produits issus de ces animaux ne comporte pas de risques.

La réponse sanitaire française en cours

Face au foyer détecté, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a confirmé l’attente urgente de vaccins importés via l’Union européenne. En attendant leur livraison, la France mise sur :

  • L’abattage des animaux malades,
  • Le renforcement des analyses dans les laboratoires (résultats en 48 h),
  • La mobilisation d’étudiants vétérinaires pour soutenir le terrain,
  • Des discussions autour d’une neutralité fiscale sur les indemnisations.

Ce que vous pouvez faire sur votre exploitation

  • Isolez immédiatement les animaux présentant des lésions suspectes,
  • Contactez votre vétérinaire sans délai,
  • Renforcez la lutte contre les insectes (répulsifs, nettoyage, suppression d’eau stagnante),
  • Désinfectez le matériel partagé (cornadis, abreuvoirs, etc.),
  • Informez les éleveurs voisins pour une vigilance collective.

Toute mise en place de pratique ou d’équipement permettant de limiter la présence et/ou la prolifération d’insectes volants pourra permettre de ralentir la transmission de la maladie. Les éleveurs doivent surveiller quotidiennement l’état de santé des animaux et alerter immédiatement leur vétérinaire sanitaire en cas de suspicion. Dans ce cas, le vétérinaire déclarera la suspicion à la DD(ETS)PP et pourra réaliser des prélèvements sur les animaux.

Et la vaccination ?

Des vaccins vivants atténués existent, utilisés notamment en Europe de l’Est. En France, leur usage est encadré et réservé à des situations exceptionnelles. Une campagne pourrait démarrer dès réception des doses attendues.

Une maladie révélatrice des défis sanitaires à venir

La dermatose nodulaire n’est pas transmissible à l’homme, mais son expansion illustre les risques accrus liés au dérèglement climatique : nouveaux vecteurs, nouvelles zones d’infection, fragilisation du cheptel.


Ce qu'il faut retenir :

  • Des symptômes visibles : boutons, fièvre, baisse de lait, abattement chez les bovins.
  • Transmission par les insectes : moustiques, mouches et contact direct favorisent la diffusion du virus.
  • Un premier foyer français : détecté en Savoie fin juin 2025, avec abattage et zone de 50 km.
  • Des vaccins en attente : la France prépare une campagne de vaccination dès livraison européenne.

Mieux vaut un doute levé qu’un foyer ignoré : un bouton n’est pas toujours banal. Une vigilance accrue, un signalement rapide, et une solidarité entre éleveurs peuvent éviter bien des pertes. La lutte contre la DNC se joue dès maintenant, dans les élevages comme dans les décisions publiques.


  • Nadège breton Nadège breton, Experte nutrition animale chez Agryco
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