OFB : un rapport nuance les tensions avec les agriculteurs

  • Mis à jour : 03 Décembre 2025   |   Publié : 03 Décembre 2025
  • Temps de lecture : 1 minutes
OFB : un rapport nuance les tensions avec les agriculteurs

L’Office français de la biodiversité (OFB) vient de publier l’évaluation de son Contrat d’Objectifs et de Performance 2020-2025. Contre toute attente, ce document apporte un regard moins conflictuel qu’imaginé sur les relations entre l’OFB et le monde agricole. Mais il souligne aussi des tensions persistantes, notamment dans le domaine des contrôles environnementaux. Un bilan qui pourrait influencer de nouvelles pratiques de terrain dès 2026.

Une relation moins dégradée que ce que l’on croyait

Alors que l’on parle souvent d’un fossé entre agriculteurs et agents de l’environnement, le rapport révèle un constat plus nuancé : la relation n’est pas globalement détériorée.

Selon les analyses menées auprès de nombreux acteurs (collectivités, agriculteurs, techniciens, ONG), plusieurs points ressortent clairement :

  • sur de nombreux territoires, les échanges sont constructifs ;
  • les projets communs sur l’eau, les sols, les zones humides ou la faune sauvage montrent une capacité réelle à travailler ensemble ;
  • les agents de terrain engagés dans des missions d’accompagnement entretiennent souvent des liens de confiance avec les exploitants.

Cette dynamique positive est cependant peu visible dans le débat public, où les conflits sont plus médiatisés que les réussites.

Des frictions réelles, principalement autour des contrôles

Le rapport ne minimise toutefois pas les difficultés. Il identifie plusieurs sources de tension significatives entre l’OFB et le monde agricole.

1. Le vécu des contrôles environnementaux

Pour une partie des agriculteurs, les inspections de l’OFB sont perçues comme :

  • imprévues ou mal anticipées ;
  • parfois déconnectées des réalités de terrain ;
  • insuffisamment expliquées, notamment sur les bases juridiques et les suites possibles.

Les agents reconnaissent eux-mêmes que la complexité réglementaire rend les contrôles difficiles à comprendre… et donc à accepter.

2. Une montée constante des normes

Les évolutions réglementaires sur l’eau, la biodiversité, les pratiques culturales ou les zones humides génèrent une véritable fatigue administrative. De nombreux agriculteurs expriment le sentiment de ne jamais savoir s’ils sont pleinement en règle, ce qui alimente l’inquiétude et la défiance.

3. Une présence jugée déséquilibrée

L’OFB intervient le plus souvent dans un cadre de police ou de contrôle, ce qui réduit mécaniquement la place de l’accompagnement et du conseil. Le rapport souligne que cette asymétrie nourrit un climat de méfiance, même lorsque les objectifs environnementaux sont partagés.

Vers une transformation des contrôles agricoles ?

Les conclusions du rapport pourraient ouvrir la voie à une refonte de la manière dont l’OFB intervient sur les exploitations agricoles. Plusieurs recommandations majeures émergent.

Plus de pédagogie

Mieux expliquer les règles, anticiper les visites, privilégier la prévention avant la sanction lorsque c’est possible, et clarifier les attentes lors des contrôles sont des pistes mises en avant par les auteurs du rapport.

Harmoniser les pratiques

Le rapport recommande de réduire les différences de pratiques entre départements, afin d’éviter les distorsions territoriales qui donnent parfois aux agriculteurs le sentiment d’un traitement inéquitable.

Cibler mieux les contrôles

L’idée avancée est de concentrer les inspections sur les situations réellement problématiques ou à fort enjeu environnemental, plutôt que sur les exploitations déjà engagées dans des démarches de progrès (HVE, MAEC, CE2, etc.).

Renforcer l’accompagnement technique

Le rapport invite aussi à revaloriser les missions de médiation et d’appui technique : coopération locale, soutien aux projets agroécologiques, travail avec les chambres d’agriculture et les coopératives, afin de sortir d’une logique uniquement répressive.

Ces pistes pourraient être intégrées dès 2026 dans le cadre du futur cycle d’objectifs et de performance de l’OFB.

Pourquoi cette actualité est stratégique pour les agriculteurs

Ce rapport arrive dans un contexte agricole tendu : pression réglementaire, transition écologique accélérée, attentes sociétales fortes et fatigue administrative croissante. Il dépasse donc le simple cadre institutionnel.

Il pourrait influencer :

  • les modalités de contrôle dans les exploitations ;
  • la manière dont les politiques environnementales seront appliquées sur le terrain ;
  • les relations entre l’État, l’OFB et les agriculteurs dans les prochaines années ;
  • la rédaction des futurs outils de simplification administrative et des dispositifs d’accompagnement.

Pour les exploitants, cette actualité n’est donc pas anecdotique. Elle préfigure peut-être une nouvelle approche de la régulation environnementale, plus lisible, plus cohérente et potentiellement plus soutenable au quotidien.


  • Cyril Combes Cyril Combes, Rédacteur chez Agryco
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