Transparence alimentaire : 12 projets pour rendre visible la rémunération des agriculteurs

  • Mis à jour : 06 Novembre 2025   |   Publié : 27 Octobre 2025
  • Temps de lecture : 2 minutes
Transparence alimentaire : 12 projets pour rendre visible la rémunération des agriculteurs

Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire vient de dévoiler la liste des 12 projets retenus pour expérimenter, à l’échelle nationale, l’affichage de la rémunération des producteurs. Cette initiative, inédite en France, vise à mieux informer les consommateurs sur la valeur réellement perçue par les agriculteurs. Une démarche symbolique, mais aussi stratégique, pour redonner du sens aux prix agricoles.

Un prolongement concret de la loi EGalim

Annoncée au printemps 2025, l’expérimentation s’inscrit dans la continuité des lois EGalim, qui ambitionnent de garantir une meilleure répartition de la valeur au sein des filières agroalimentaires.

Après des années de débats autour de la « juste rémunération », le ministère a décidé de tester des dispositifs concrets : comment rendre visible, sur les produits alimentaires, la part réellement reversée à l’agriculteur ?

L’objectif est clair : mesurer l’impact de la transparence sur les comportements d’achat et sur la valorisation des filières. Les 12 projets pilotes choisis par l’État couvrent un large panel de produits, de la viande au lait, en passant par les œufs ou les produits bio.

Douze initiatives pour douze approches

Sur les douze dossiers retenus, onze concernent des filières animales, fortement mobilisées autour de la notion de juste prix. Parmi les porteurs de projets :

  • C’est qui le Patron ?! – affichage détaillé de la part producteur sur des produits laitiers.
  • Sodiaal – étiquetage simple et lisible sur des briques de lait coopératives.
  • Pour de Bon – transparence de la part revenu producteur directement sur la plateforme.
  • FNAB – test d’un affichage « juste prix bio » en magasins spécialisés.

Chaque projet propose une méthode différente : étiquette, QR code, mention chiffrée ou graphique. L’enjeu est de trouver un format standardisable, compréhensible pour le consommateur, sans alourdir la communication des entreprises.

Une expérimentation sous haute observation

Cette phase pilote sera suivie par un comité d’évaluation interministériel associant le ministère, l’INAO et FranceAgriMer. Les critères observés porteront sur :

  • La lisibilité de l’information pour le consommateur.
  • La fiabilité des données économiques (calcul de la part producteur).
  • L’impact sur la perception du prix et l’acte d’achat.
  • Les effets sur la rémunération effective des producteurs à moyen terme.

Si les résultats sont concluants, une généralisation nationale pourrait être envisagée dès 2026, sous la forme d’un affichage volontaire, voire encadré par décret.

Un enjeu de société autant qu’économique

Au-delà de l’expérimentation technique, cette initiative répond à une double attente : celle des consommateurs, de plus en plus soucieux de connaître la provenance et l’impact de leurs achats ; et celle des agriculteurs, souvent en première ligne face à la volatilité des prix et à la perte de reconnaissance de leur travail.

« L’affichage de la rémunération, c’est une façon de remettre l’humain au cœur de la chaîne alimentaire », estime un représentant du ministère. « Si les consommateurs voient concrètement ce que gagne un producteur sur un litre de lait ou une barquette de viande, cela peut faire évoluer les mentalités. »

Les filières agricoles en première ligne

Pour les coopératives et les interprofessions, le défi sera aussi de construire des référentiels fiables. Comment définir la « part producteur » dans une filière où la transformation et la logistique pèsent lourd ? Comment afficher une rémunération sans trahir la confidentialité des contrats ? Ces questions seront au cœur du retour d’expérience attendu d’ici la fin de l’année 2025.

Ce qu’il faut retenir

  • 12 projets pilotes lancés pour tester la transparence de la rémunération agricole.
  • Initiative portée par le ministère de l’Agriculture, dans la continuité de la loi EGalim.
  • Objectif : informer le consommateur et valoriser le travail des producteurs.
  • Cap 2026 : possible généralisation si les tests sont concluants.

Pour aller plus loin :

  • Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire – Communiqué du 18 mars 2025 – « Affichage de la rémunération des producteurs : 12 projets pilotes retenus pour une expérimentation nationale ».
  • agriculture.gouv.fr – Dossier et liste des projets pilotes.

  • Cyril Combes Cyril Combes, Rédacteur chez Agryco
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