Seigle fourrager : Techniques de culture et valorisation

Q: Quelles sont les différentes variétés de seigle fourrager ?

Il existe des variétés hybrides et des variétés population. Les hybrides ont un bon potentiel en ensilage et en biomasse. Les populations sont plus rustiques. Chacun doit choisir selon son climat, sa rotation et son matériel disponible.

Q: Quand semer le seigle avec de l’engrais vert ?

Pour un engrais vert, on sème le seigle à l’automne, après la récolte précédente. Le couvert se développe alors tout l’hiver. On réalise une destruction tardive au printemps. Cela limite les pertes d’azote et améliore le stock de matière organique.

Q: Quelle est la différence entre le seigle fourrager ou forestier ?

Le seigle forestier est souvent semé pour préserver le sol et favoriser la biodiversité en forêt. Le seigle fourrager vise plutôt la production de biomasse pour l’alimentation animale. Les deux proviennent du seigle mais répondent à des usages différents.

Mis à jour : 24 Novembre 2025 | Publié : 17 Février 2025
Cipan-Fourragère
Temps de lecture : 9 minutes

Seigle fourrager : Techniques de culture et valorisation

Ce qu'il faut retenir sur le seigle fourrager :

Le seigle fourrager appartient aux céréales d’hiver.
Il s’adapte à des conditions froides et peut faire l’objet d’une destruction tardive.
Il présente une forte capacité de tallage et produit un fourrage apprécié.
Il s’intègre bien dans une rotation diversifiée.
On peut le semer à l’automne ou, plus rarement, en culture de printemps.
Son utilisation est positive pour l’environnement.

Le seigle fourrager (Secale cereale) est une céréale annuelle appartenant à la famille des graminées. Originaire de la région de la mer Noire et du Moyen-Orient, et apprécié pour sa robustesse et sa capacité à produire une biomasse importante.

Le seigle est un atout pour les éleveurs et agriculteurs. C’est une plante particulièrement adaptée aux climats frais et humides. Sa culture offre de nombreux avantages agronomiques et économiques pour des régions comme le massif central, ou la région Rhône-Alpes. Si vous vous trouvez dans les régions centre, île de France ou Grand-Est par exemple, ce seigle peut aussi vous convenir en tant que culture intermédiaire à vocation énergétique (CIVE).

Dans cet article, nous vous détaillons les propriétés et caractéristiques de cette céréale d'hiver, tout en vous indiquant son bon usage.

Quelles sont les principales propriétés de la céréale de seigle fourrager ?

Le seigle est-il compatible avec vos cultures? Est-il d’un bon potentiel en tant que fourrage ou en tant que couvert végétal? Évaluez l’intérêt agronomique de cette plante.

Origine et place dans la rotation des cultures du seigle fourrager

Le seigle fourrager est traditionnellement utilisé comme culture intermédiaire ou principale. Il est souvent implanté en interculture pour couvrir le sol pendant l'hiver, réduisant ainsi l'érosion et améliorant la structure du sol. Sa capacité à capter l'azote résiduel en fait un excellent précédent pour les cultures de printemps telles que le maïs ou la betterave.

Caractéristiques morphologiques et agronomiques

Le seigle fourrager peut atteindre une hauteur de 1,5 à 2 mètres. Grâce à son système racinaire fasciculé et profond, il a une bonne résilience face à la sécheresse une fois implanté, et contribue à la structuration du sol en profondeur.

À noter : Ce céréal est capable de germer à des températures avoisinant les 1°C et nécessite une période de vernalisation pour passer à la phase de montaison.

Critères techniques importants de la plante

Le seigle fourrager est reconnu pour sa croissance rapide, permettant une couverture efficace du sol et une concurrence significative aux adventices.
Il est peu exigeant en termes de fertilité du sol et tolère une large gamme de types de sols, y compris les sols pauvres et acides.

Le seigle à des propriétés allélopathiques, ce qui signifie qu’il limite, à l’aide d’une sécrétion chimique, le développement des plantes environnantes.

Sa résistance au froid et sa capacité à pousser dans des conditions climatiques variées en font une culture polyvalente.

champs céréle verts vue de prés sur des épis

Les intérêts et atouts du seigle fourrager

Catégorie	Bénéfices
Bénéfices agronomiques	- Offre une couverture du sol efficace, réduisant l'érosion. - Améliore la structure du sol grâce à son système racinaire profond. - Capture l'azote résiduel et prévient sa lixiviation. - Concurrence efficacement les mauvaises herbes grâce à sa croissance rapide et dense.
Bénéfices économiques	- Coût des semences relativement faible (entre 11 et 25€ par hectare). - Production importante de biomasse dès le début du printemps. - Valorisation en fourrage sous différentes formes : pâturage, ensilage, enrubannage. - Libération précoce de la parcelle, facilitant l'implantation d'une culture de printemps.
Bénéfices écologiques	- Réduction de l'utilisation d'herbicides grâce à son effet compétitif sur les adventices. - Favorise la biodiversité en offrant un habitat pour la faune. - Amélioration de la structure du sol et séquestration du carbone. - Contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Semis du seigle fourrager

Le seigle fourrager peut être de printemps ou d’hiver. Cela dépend de l’utilisation que l’on en fait.

Quand semer ?

Le seigle fourrager est généralement semé à l'automne, juste après les moissons, selon les conditions climatiques locales. À noter qu'un semis précoce permet une meilleure implantation avant l'hiver et une production de biomasse plus importante au printemps.

Il est également possible de le semer très tôt au printemps, mais sans période de vernalisation, la plante restera au stade végétatif. Cette technique est notamment souhaitable pour nourrir les sols et réduire la prolifération des mauvaises herbes.

Comment semer ?

La préparation du sol doit viser à obtenir un lit de semences finement émietté en surface et rappuyé en profondeur.
Le semis se fait à une profondeur de 3 à 4 cm, en utilisant un semoir à dents ou à disques. Notez que le semis à la volée est déconseillé, car le seigle nécessite un bon contact avec le sol pour une germination optimale.
Après le semis, un roulage léger est recommandé pour favoriser ce contact.

Densité de semis (kg/ha) et critères de réussite (Seigle de printemps et hiver)

La densité de semis recommandée varie entre 40 et 120 kg/ha, en fonction de la date de semis et des conditions pédoclimatiques. Un semis précoce en septembre peut se contenter de 40 à 50 kg/ha, tandis qu'un semis plus tardif en octobre nécessitera une densité plus élevée pour compenser une période de croissance réduite.

Plus précisément, suivant l’usage du céréale :

Concernant le seigle fourrager de printemps :

Fourragère / Méthanisation : 90-120kg/ha
Couvert végétal / Interculture : 40-50kg/ha

Concernant le seigle fourrager d'hiver :

Fourragère / Méthanisation : 90-120kg/ha
Couvert végétal / Interculture : 40-50kg/ha

À noter : une surveillance des limaces à l'implantation est également conseillée, car elles peuvent endommager les jeunes plantules.

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Conduite de la culture et entretien

Bien que ce soit une culture appréciable en termes d’efforts, elle nécessite toutefois un suivi régulier.

Fertilisation et gestion de l'azote

Le seigle fourrager est peu exigeant en fertilisation. Ses besoins en azote sont estimés à 2,3 kg par quintal produit, soit environ 90 unités pour un objectif de 40 q/ha. Un apport de compost de fumier à l'automne peut suffire à couvrir ces besoins. En sortie d'hiver, un apport d'engrais azoté peut être réalisé en fonction des reliquats et des objectifs de rendement.

Gestion des adventices et des maladies

Ces céréales d'hiver comme de printemps sont reconnues pour leur capacité à concurrencer efficacement les adventices grâce à leur croissance rapide et dense. Cependant, ils sont sensibles à la rouille brune et à l’ergot. Une surveillance régulière est donc recommandée, et des interventions peuvent être nécessaires si des dommages sont observés.

Irrigation et besoins en eau

Le seigle fourrager est une culture rustique avec des besoins en eau relativement faibles. Il affiche une bonne tolérance à la sécheresse, grâce à son système racinaire profond qui lui permet d'exploiter l'humidité du sol en profondeur. Toutefois, une humidité suffisante du sol est essentielle lors de la germination et de l'établissement des plantules.

Quand faucher le seigle ?

La période optimale pour faucher le seigle fourrager se situe d'avril à fin mai, en fonction de votre objectif de valorisation. Pour un ensilage de qualité, récoltez au stade laiteux du grain, généralement autour de la mi-mai. Une fauche précoce, dès la sortie de la dernière feuille en avril, favorise une meilleure valeur alimentaire du fourrage. Cette technique convient particulièrement aux éleveurs recherchant un fourrage riche en protéines, avec une densité de 40 à 50 ha en association.

Un suivi régulier du stade de développement permet d'adapter la date de fauche aux conditions météorologiques. La plante annuelle offre une fenêtre de récolte d'environ deux semaines pour conserver ses qualités nutritionnelles optimales.

Association et rotation de culture

Jouez la carte de l’association : combinez le seigle fourrager pour enrichir vos sols et sécuriser vos rotations.

Cultures associées recommandées

Avoine : L'association du seigle fourrager avec l'avoine permet d'améliorer la couverture du sol et d'augmenter la production de biomasse.
Triticale : Le mélange avec le triticale renforce la compétitivité contre les adventices et améliore la structure du sol.
Vesce velue : Associer le seigle à la vesce velue équilibre le rapport carbone-azote du couvert, prévenant ainsi une carence en azote lors de sa décomposition.
Pois fourrager : Cette association améliore la qualité fourragère du couvert, notamment si celui-ci est destiné à l'alimentation animale.

Effets sur la culture suivante

Amélioration de la structure du sol : Le système racinaire profond du seigle fourrager favorise une meilleure infiltration de l'eau et une aération accrue du sol.
Réduction du lessivage de l'azote : En captant l'azote résiduel, le seigle fourrager préserve la qualité de l'eau en limitant le risque de lessivage.
Gestion de l'azote : Il est essentiel de détruire le seigle au bon moment pour éviter une immobilisation excessive de l'azote, ce qui pourrait nuire à la culture suivante.

C'est notamment le Soja qui s'accommode parfaitement des bienfaits que cette plante offre sur vos sols. Mais, elle convient également avec des cultures comme la betterave, la pomme de terre, le Sorgho ou encore le maïs.

À noter : Portez une attention particulière à votre culture de betterave, une destruction trop tardive sans exportation peu avoir un effet dépressif sur la récolte suivante.

Cultures moins adaptées après le seigle fourrager

Céréales à paille (blé, orge) : Il est déconseillé d'utiliser le seigle comme couvert préalable à ces cultures, car il peut avoir un impact négatif sur leur croissance.

Valorisation du seigle fourrager

Au-delà de son usage important, le seigle fourrager est également valorisé pour entretenir culture et environnement.

Utilisation	Détails clés
Fourrage	Production précoce de biomasse, alimentation de qualité pour le bétail.
Pâturage	Disponible dès le début du printemps, idéal pour une alimentation précoce.
Ensilage	Récolte au stade de gonflement, fauche à 10 cm, andains larges pour un séchage optimal.
Enrubannage	Bonne conservation, améliore l'appétence du fourrage.
Stade de récolte	À surveiller, car une récolte tardive réduit la valeur nutritive et l'appétence.
Biomasse & méthanisation	Forte production de biomasse, idéal pour les cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE).
Impact environnemental	- Couvre le sol en hiver, limite l'érosion et la perte de nutriments. - Réduit l'utilisation d'herbicides grâce à son effet allélopathique. - Améliore la structure du sol et favorise la biodiversité.