Alors que de nombreux acteurs de l’agroalimentaire réorganisent leurs capacités de production en Europe, Vandemoortele fait le choix inverse : investir massivement en France. Avec plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires sur le premier semestre 2025 et une croissance à deux chiffres, le groupe familial belge confirme une stratégie centrée sur l’ancrage territorial et la valorisation des matières premières européennes, dont une partie issue des filières françaises.
Un investissement majeur pour la filière blé française
L’extension du site d’Athies, près d’Arras, est un signal fort pour les filières agricoles. Les 28 millions d’euros investis dans une nouvelle ligne de viennoiseries ne représentent pas seulement un renforcement industriel : ils sécurisent des débouchés pour la production de blé tendre, renforcent la dynamique de transformation sur le territoire et permettent de garder la valeur ajoutée en France.
Dans un contexte où les agriculteurs réclament une meilleure visibilité et davantage de contractualisation, ce type d’annonce offre une forme de stabilité. Plus d’outil industriel sur le territoire, c’est plus de perspectives pour les céréaliers et pour l’économie agricole locale.
Le végétal comme levier stratégique… et agricole
La nomination de Helena Vanhoutte à la tête de la division « Plant-Based Food Solutions » illustre l’importance croissante du végétal dans la stratégie du groupe. Ce segment mobilise directement les filières blé, colza, pois et légumineuses européennes, et ouvre de nouvelles opportunités pour les producteurs.
L’essor des ingrédients végétaux (protéines, farines, huiles, texturats) s’inscrit dans une dynamique parfaitement alignée avec les ambitions françaises de relocaliser la production de protéines végétales. Vandemoortele apparaît ainsi comme un acteur susceptible de structurer et d’accompagner cette montée en gamme agricole.
Décarbonation : quand innovation alimentaire rime avec transition agricole
Avec la validation de ses objectifs bas-carbone par la SBTi et la médaille Platinum d’EcoVadis, Vandemoortele s’impose parmi les entreprises les mieux notées sur la durabilité. En France, le lancement de Pérènes, un pain au blé bas carbone, illustre l’émergence de démarches où l’innovation alimentaire repose sur l’évolution des pratiques agricoles.
Ces filières bas-carbone s’appuient sur des partenariats croissants entre industriels, coopératives et producteurs : réduction des intrants, pratiques agronomiques vertueuses, primes dédiées. Pour les exploitations, cela signifie l’accès à des débouchés à valeur ajoutée et un lien renforcé entre performance économique et performance environnementale.
Une dynamique industrielle qui sécurise les débouchés agricoles
Les résultats du premier semestre 2025 montrent une entreprise solide : +10,6 % de chiffre d’affaires, 124,7 millions d’euros d’EBITDA, malgré un recul de l’EBIT ajusté causé par les effets de change et des frais d’acquisition. Mais c’est surtout la stratégie de consolidation industrielle et d’acquisitions – notamment auprès de Délifrance et Bunge – qui retient l’attention des filières.
Dans un contexte de tension sur les matières premières, maintenir et développer des outils industriels en France contribue à sécuriser les débouchés et à ancrer durablement la transformation sur le territoire agricole français.
Un changement de gouvernance dans la continuité
Le départ à la retraite de Bart Bruyneel en 2026 marque une évolution dans la gouvernance, mais sans rupture stratégique. Le groupe poursuit une vision long terme centrée sur la valorisation durable des matières premières agricoles, la montée en gamme et le renforcement des filières françaises et européennes.