
Et si l’avenir de l’agriculture européenne se jouait dès maintenant ? À l’heure où le renouvellement des générations s’impose comme un défi central, le syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) appelle l’Union européenne à consacrer 10 % du budget de la prochaine Politique agricole commune (PAC) à l’installation. Une demande ambitieuse, qui pourrait bien transformer en profondeur le visage de l’agriculture de demain.
Un enjeu vital pour le monde agricole
La pyramide des âges ne ment pas : en France, près de la moitié des agriculteurs partira à la retraite d’ici 2030, et trop peu de jeunes reprennent le flambeau. Chaque année, des milliers d’exploitations cessent leur activité faute de repreneur. Face à cette urgence, les JA plaident pour un électrochoc budgétaire : passer de 3 % à 10 % du budget de la PAC consacré à l’installation des jeunes.
Cette proposition, portée au niveau européen, vise à redonner de l’attractivité au métier d’agriculteur et à faciliter l’entrée dans le secteur pour les nouvelles générations, souvent confrontées à des obstacles multiples : accès au foncier, financement, lourdeur administrative, incertitudes économiques…
Créer les conditions d’un nouveau départ
Au-delà du coup de pouce financier, l’objectif est clair : créer un écosystème propice à l’installation durable. Avec un budget renforcé, les aides à l’installation – comme la Dotation Jeune Agriculteur (DJA) – pourraient être élargies et mieux adaptées aux réalités des projets agricoles contemporains, qu’ils soient orientés vers l’agroécologie, les circuits courts, ou encore la production locale.
Les Jeunes Agriculteurs proposent d’agir simultanément sur plusieurs leviers pour réussir ce pari :
- Renforcer les aides à l’installation : revaloriser la DJA et élargir l’accès aux jeunes porteurs de projet, y compris en reconversion ou en agriculture de niche.
- Développer l’accompagnement technique et administratif : offrir un suivi personnalisé, des formations pratiques et un appui au montage de projet.
- Faciliter l’accès au foncier agricole : mieux réguler le marché et encourager les cessions d’exploitations à des jeunes.
- Encourager les projets innovants et durables : soutenir les installations en agroécologie, agriculture de conservation, circuits courts ou diversification.
- Cibler les zones intermédiaires et rurales fragiles : pour rééquilibrer le développement agricole sur tout le territoire.
Des garde-fous pour éviter les dérives
Cette proposition ne va pas sans conditions. Le syndicat insiste sur la nécessité de définir clairement la notion “d’actif agricole”, afin que les aides bénéficient aux véritables agriculteurs en activité. Une vigilance qui vise à éviter les effets d’aubaine ou les détournements de dispositifs.
Autre point de vigilance : l’articulation entre l’échelon européen, national et régional. Car si la PAC fixe le cadre, ce sont bien les États membres – et en France, les Régions – qui mettent en œuvre les politiques d’installation. Il faudra donc veiller à la cohérence et à l’efficacité des dispositifs sur le terrain.
Une stratégie d’avenir pour les territoires ruraux
Au-delà de l’agriculture, cette demande s’inscrit dans une vision plus large : celle d’un avenir viable pour les territoires ruraux. En soutenant les jeunes, c’est tout un tissu économique, social et culturel que les JA veulent revitaliser.
Une PAC pour ceux qui construiront demain
En réclamant 10 % du budget de la PAC pour les jeunes agriculteurs, le syndicat ne se contente pas d’une demande chiffrée. Il pose une question fondamentale : quelle agriculture voulons-nous pour l’Europe de demain ? Plus résiliente, plus innovante, plus accessible… mais aussi plus juste envers ceux qui osent s’y lancer.